Sans être brillante, sa carrière était bien remplie: campagnes coloniales en Algérie et en Indochine, un comportement valeureux pendant la guerre de 1870 et une part active à la répression de la Commune, des fonctions administratives au ministère de la Guerre comme directeur de l'infanterie où il se tissa un réseau de relations politiques relations politiques.
Les républicains modérés, alors au pouvoir, appréciaient sa souplesse et son habileté. Général de division en 1884, Boulanger alla commander l'armée française en Tunisie où il réussit à se mettre en vedette.
Soutenu par Georges Clemenceau , il obtint le ministère de la Guerre en juin 1886. Améliorant le sort des hommes de troupe, adoptant du matériel moderne, il acquit rapidement une grande popularité qui se transforma en enthousiasme. Au grand plaisir des anticléricaux, n’avait-il pas voulu imposer le service militaire au clergé qui en était alors exempt ? « Sac au dos les curés ! ».
Le 14 juillet 1886, à la revue passée à Longchamp, ce fut un tonnerre d’applaudissements.
En parcourant la France pour des inaugurations, des discours, etc., son idée de politique offensive au lieu d’être défensive, ses rodomontades vis-à-vis de l'Allemagne rythmées par des provocations, il ne tarda pas à représenter l'image du « Général Revanche » qui séduisit les nationalistes. Fort de sa popularité croissante, Boulanger proposait aussi la suppression du Sénat…Le monde politique républicain comprit le danger qu’il représentait.
Le 17 mai 1887, le général était évincé du ministère de la Guerre et mis à la retraite.
N’étant plus officier d’active Boulanger devenait éligible et pouvait débuter une carrière politique à la tête du mouvement boulangiste dans lequel s’engouffra une coalition hétéroclite composée des nationalistes avides d'une guerre de revanche contre l'Allemagne, des radicaux hostiles au parlementarisme, des socialistes déçus par l’absence de politique sociale et de lutte contre le chômage des « opportunistes » au pouvoir, des bonapartistes et des monarchistes désireux de renverser la République.
Profitant du scandale qui amena à la démission du président de la République Jules Grévy, il exposa son programme politique sommaire: « Dissolution, Révision, Constituante». En janvier 1889, porté triomphalement par les urnes comme député de Paris, l’Elysée lui tendait les bras. Mais le coup d’Etat que réclamaient ses partisans n’eut pas lieu. Le « général beau-parleur » hésita et renonça. Il ne serait pas le président à vie d’une république nationaliste dont rêvaient ses supporters …Amère déception ! Pas pour tout le monde.
De suite, ses adversaires s’activèrent à sa chute en le manipulant avec astuce. Prévenu de sa prochaine arrestation, Boulanger s’enfuit fort maladroitement à Bruxelles avec sa maîtresse, Marguerite de Bonnemains (1855 - 1891) dont il ne voulait pas être séparé.
Le 14 août 1889, il était condamné à la « déportation dans une enceinte fortifiée » par contumace pour complot contre la sûreté de l'État, détournement des deniers publics, corruption et prévarication. Abandonnés de tous, le général et le boulangisme s’écroulèrent.
Bruxelles, l' Angleterre puis l'île de Jersey dont le climat ne convenait pas à Marguerite qui ne se remettait pas d’une mauvaise grippe. De retour seule à Paris, son état de santé s’aggrava. Quand les deux amants se retrouvèrent à Bruxelles, elle était au dernier degré de la tuberculose.
Elle mourut dans les bras de Georges le 16 juillet 1891. Ecrasé par la douleur, il se rendait chaque jour au cimetière où sur la pierre tombale de son grand amour était gravé comme un appel :" A bientôt !" . Le 30 septembre, c’est là qu’il choisit de se donner la mort en se tirant une balle en pleine tête.
Georges Boulanger partage la sépulture de sa « bonne amie » dans le cimetière d’Ixelles avec le rare privilège d’être inhumé là où il mourut. Sur leur pierre tombale discrète, pas de patronyme: juste deux prénoms : Georges et Marguerite.