Devenu la figure de proue des radicaux remarqué par de fortes prises de position, il s’opposa à la politique coloniale de Jules Ferry qu’il contraignit à démissionner (1885). L’année précédente, Léon Gambetta ayant déjà fait les frais de sa fougue, sa réputation de « tombeur de ministères » était faite. Le Tigre assénait les mots comme des coups de griffes
Compromis indirectement dans le scandale de Panama, il se trouva temporairement écarté de la politique et retourna vers le journalisme. Responsable de la ligne éditoriale du journal L’Aurore, il s’illustra en 1898 en y publiant le célèbre « J’accuse » d’Émile Zola.
1902 marqua son retour en politique. Sénateur du Var, fervent défenseur de la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat, ministre de l’Intérieur et Président du Conseil de 1906 à 1909, l’Histoire a aussi retenu la force avec laquelle il réprima les mouvements sociaux (grève des mineurs du Pas-de-Calais et révolte des vignerons en Languedoc-Roussillon). On lui doit également la création le ministère du Travail (1906) et les fameuses brigades du Tigre (1907).
Renversé en 1909, il se consacra de nouveau au journalisme et fonda le journal l’Homme libre 'par la suite L'Homme enchaîné) qui combattit systématiquement tous les gouvernements !
En 1917, malgré son antipathie, Raymond Poincaré le rappela au pouvoir, l’estimant seul capable de terminer victorieusement la guerre. Ce qu’il fit, en mobilisant l’énergie des civils et des militaires et en soutenant le moral des troupes. En incarnant pour toute une génération l’histoire même de la France, on lui rajouta celui de « Père la victoire » à ces nombreux surnoms. Jouissant d’une énorme popularité, il fut élu par acclamation à l’Académie française, où il ne siégea jamais, trois jours à peine après la signature de l’armistice.
Chargé des négociations du traité de Versailles dans une ambiance générale revancharde, il ne perçut pourtant pas la démesure des réparations demandées à l’Allemagne.
A 79 ans, seule la magistrature suprême manquait à son palmarès. Il s’y attaqua pour les élections présidentielles de 1920. Mais, malgré son âge, allez ficeler un tel personnage dans un rôle de représentation ! Alors, par crainte, les parlementaires lui préférèrent Paul Deschanel. Déçu, l’égo très égratigné, il se retira définitivement de la politique pour se consacrer aux voyages à l’écriture.
Depuis plusieurs générations, les Clemenceau possédaient un domaine, le « Colombier », sur la commune de Mouchamps. C’est là, auprès de son père, à qui il vouait une admiration sans borne, qu’il souhaitait être inhumé. Il avait, par avance, réglé tous les détails de ses obsèques, refusant des funérailles nationales.
Comme le rappelle le panneau qui mène à sa sépulture, on peut être surpris d’une telle simplicité. Seule, une copie de la déesse Athéna, une de ses références, casquée dite « de Samos », oeuvre de son ami Sicard, surplombe les deux sépultures jumelles. Pas de stèle funéraire. âs d'inscriptions. une simple grille ombragée par un grand cèdre de l'Atlas, « arbre de La Liberté », planté par son père en 1848.
Après sa mort, survenue à Paris, on mena ce grand Monsieur de l’histoire dans sa terre vendéenne, sobrement porté à bras d'hommes jusqu’à sa dernière demeure, "cimetière" classé aux Monuments historiques depuis 1998.
La 5ème photo qui suit tord le cou à une vieille légende: Clemenceau ne fut pas inhumé debout !!