Les chairs
Le convoi funèbre poursuivit son voyage vers Dinan. Mais l’embaumement ayant été insuffisant, l’odeur de la décomposition devint telle qu’on s’arrêta à Montferrand où l’on fit bouillir les chairs qu'on déposa dans l’église des Cordeliers qui disparut à la Révolution avec le tombeau des chairs.
Le squelette
Le convoi reprit sa route avec le cœur et le squelette. A l’approche des villes où devait passer le cortège, le clergé et la population venaient l’accueillir en procession. Des services religieux en grande pompe étaient célébrés. Et l’on reprenait la route vers la lointaine Dinan.
Arrivé au Mans, un officier royal apporta l’ordre de conduire le squelette à Saint-Denis. En effet, Charles V, très éprouvé par la mort de Bertrand, exigeait que son corps reposât à côté de sa future sépulture en la basilique Saint-Denis. Honneur insigne et exceptionnel. Toutefois, pour cause de décès deux mois plus tard, le roi ne put lui organiser des obsèques solennelles. Ce furent les Marmousets, en 1389, revenus au pouvoir, qui exaucèrent le vœu de leur défunt souverain .
Le tombeau, dont il ne reste que le gisant, fut commandé en 1397 par Charles VI à Thomas Privé et Robert Moisel et sur lequel on pouvait lire cette épitaphe:
« CY GIST NOBLE HOME MESSIRE BERTRAND DU GUESCLIN CONTE DE LONGUEVILLE ET CONNESTABLE DE France / QUI TRESPASSA A CHASTELNUEF DE RANDON EN JUVAUDAN EN LA SENESCHAUCEE DE BEAUCAIRE LE XIII° JOUR DE JUILLET LAN M CCC IIIIXX PRIEZ DIEU POUR LUY ».
Le 20 octobre 1793, son cercueil de plomb fut découvert dans le caveau dit des Charles où avait été enseveli Charles V. Son squelette était encore tout entier, les os bien propres et désséchés. Ils furent jetés dans une fosse commune avant d'être ré-inhumés en 1817 dans l'ossuaire de la basilique.
En observant les traits du connétable on note que, malgré un certain réalisme (cicatrice), le travail manque de finesse. Transporté au Musée des Monuments français à la Révolution, le gisant subit des restaurations erronées par rapport au modèle d'origine. Mais il n’est pas le seul dans ce cas et au moins a-t-il toujours le mérite d’exister. De nos jours, il se trouve tout près de son premier emplacement.