Suivant la trame traditionnelle des romans de chevalerie avec l’enfance, l’apprentissage et les hauts faits du héros, l’univers romanesque rabelaisien offre un système de références unique dans la littérature, mêlant fiction et réalité dans des dimensions spatiales et temporelles hors normes. Mais ne nous fions pas à ses farces littéraires. Derrière ses personnages, leurs aventures se profilent en filigrane toute une actualité : derrière les guerres picrocholines on trouve la politique de Charles Quint ; derrière la cour des Papimanes, c’est celle du pape Jules III, etc. D’une façon subtile, Rabelais fit de son œuvre le miroir des réalités contemporaines de son temps frisant parfois la propagande politique.
Dans cet univers particulier éclate le rire rabelaisien, symbole de la dignité de l’homme, et ses grosses plaisanteries monacales permettent de faire entrer plus facilement la vérité dans les esprits. Ne le créditons pas créateur de la contrepèterie ?
Rejetant l’arrogance des Panurge et leurs dogmes, comme saint Paul, Rabelais invite chacun à suivre son propre sentiment sans offenser autrui. C’est ainsi qu’il inventa son abbaye utopique de Thélème, bâtie par Gargantua, où la seule règle, inscrite sur son fronton, est « Fay ce que vouldras »
Le tout enrobé dans une variation de langage mettant à contribution toutes les langues et les dialectes, son œuvre reste également une dénonciation violente de tous les vices sociaux, une satire des conformismes : critique des moines, des pèlerinages, de la confession, des cultes des saints, des sorbonnards, des sophistes, de la justice, etc.
Ces dénonciations, à peine voilées, lui valurent la censure qui fut levée peu avant son décès intervenu très probablement à Paris. Il laissait une œuvre inachevée et encore énigmatique pour une partie faisant les beaux jours des érudits et des spécialistes.
François Rabelais fut inhumé dans le cimetière Saint-Paul-des-Champs près d’un figuier qu’on voyait, dit-on, encore cent ans après sa mort.
Le cimetière, fermé en 1791 et détruit en 1796, des maisons furent élevées sur son emplacement avant que quelques ossements ne soient retirés hâtivement, ce qui signifie que certains y sont toujours dont peut-être ceux du grand Rabelais.