Il y a des lieux témoins de l’histoire qu’on ne peut aborder comme les autres. Oradour-sur-Glane, victime de la barbarie nazie, a le douloureux privilège d’y appartenir.
10 juin 1944. Quatre jours plus tôt, les Alliés avaient débarqué en Normandie bien éloignée de ce petit village tranquille, à une vingtaine de kilomètres de Limoges, sans lien avec la Résistance et le maquis. C’était une belle journée de printemps. En ce début d’après-midi, les enfants retournaient à l’école et chacun, après le déjeuner, s’apprêtait à vaquer à ses occupations. En raison de la distribution de viande et de tabac ce jour-là, on comptait de nombreuses personnes de passage. Oui, c’était vraiment une belle journée.
Depuis le débarquement, la Résistance amplifiait ses actes contre la progression des Allemands et leur remontée vers la Normandie.
Dans ce contexte, la 2e division SS Das Reich, familière des exactions, reçut l’ordre de se positionner dans la région entre Tulle et Limoges pour y réduire les maquis par une méthode particulièrement répressive en produisant un effet maximal de terreur parmi les populations civiles.
Ainsi, comme une sinistre répétition, ils perpétrèrent le massacre de Tulle le 9 juin. Les raisons mal éclaircies de celui planifié d’Oradour sont toujours sujet à controverses.
A 14 heures, le 1er bataillon du régiment Der Führer de la division SS Das Reich (de 120 à 160 hommes selon les sources) commandé par Adolf Diekmann avait encerclé le village. Ceux qui travaillaient dans les champs furent rabattus vers le centre du bourg.
A 15 heures, hommes, femmes et enfants étaient tous rassemblés sur la place principale (le Champ de Foire).On leur demanda de dénoncer une soi-disant cache d’armes qui, bien sûr, n’existait pas. On sépara les femmes et les enfants des hommes. Ces derniers, divisés par groupes, furent menés dans des remises ou granges où les attendaient les mitrailleuses.
A 16 heures, en quelques minutes, ils furent abattus, certains recevant le coup de grâce. Recouverts de matériaux combustibles, on les enflamma. S’imaginant de simples otages, la surprise avait été totale : pas le temps de comprendre et de paniquer.