Il ne partageait pas les superstitions de son temps, n'avait aucun respect pour les institutions établies, dédaignait les conventions de la féodalité et du romanesque. Critique virulent des ordres mendiants, sa suite du Roman de la Rose est une satire contre les ordres monastiques, le célibat, la noblesse, le Saint-Siège, les prétentions excessives de la royauté mais surtout une satire des femmes et du mariage en exposant brutalement les défauts des femmes, leurs pièges et les moyens de les déjouer. En Jean de Meung s'incarna l'esprit de moquerie et de scepticisme des fabliaux.
Possédant des connaissances profondes en diverses matières, il sut distiller ces informations utiles dans sa poésie tout en citant beaucoup d’auteurs classiques. Et l’ensemble servi dans un français manié avec une aisance et une précision inconnue de ses prédécesseurs.
Le succès du Roman de la Rose dépassa celui de toutes les œuvres littéraires du Moyen Âge : plus de deux cents manuscrits, dispersés dans toutes les bibliothèques de l'Europe; dès les débuts de l'imprimerie, il fut édité à plusieurs reprises sous sa forme primitive. Il en fut ainsi jusqu'au commencement du 16ème siècle où Clément Marot en fit un rajeunissement qui retrouva chez ses contemporains presque la vogue que l'original avait connue chez ceux de son auteur. Son influence pesa lourdement sur la littérature française des 14ème et 15ème siècles.
Mais ce ne fut pas que ce poème qui lui conféra la renommée de son vivant. On lui doit d’autres poèmes comme le Trésor ou les Sept Articles de la Foi, Les Lois des Trespasséz ; des traductions, ou encore des Remontrances au roi, Testament, ce dernier étant précieux car il contient des indications sur lui.
Personnage important et riche, Jean de Meung fut fort considéré pour sa science et sa sagesse. A n’en point douter, il était un opulent bourgeois, un universitaire et un représentant d’une classe sociale qui commençait à jouer, dans la société de la fin du 13ème siècle, un rôle qui allait devenir de premier plan.