Offrant le spectacle de deux esprits qui surent se fondre pour atteindre un même idéal, les Goncourt se consacrèrent à la peinture de la « vraie vie » en se forgeant un vocabulaire apte à traduire l’univers ainsi mis à jour : Histoire de la société française pendant la Révolution (1854) ; Histoire de Marie-Antoinette (1858) ; Charles Demailly (1860) ; Sœur Philomène (1861) ; Renée Maurepin (1864) ; Madame Gervaisais (1869), etc.. Mais à ce genre de roman réaliste, auquel ils restèrent toujours fidèles, il faut rajouter le Journal, écrit d'abord par Jules et Edmond, puis par Edmond seul après la mort de Jules et que plus d’un considèrent comme leur chef-d’œuvre.
Leur mode de vie, qui confinait, à la culture en laboratoire, fut propice, notamment dans leur Journal, à l'art de faire des portraits d'une incroyable cruauté, de donner de leur époque et de leur société, une image assez effarante et somme toute, fort éloignée des grands drames sociaux qui en étaient le cadre. On assure qu'ils partageaient les mêmes conquêtes féminines et pratiquaient volontiers les vices du lupanar. Un mélange d'austérité d'apparence, de méticulosité intellectuelle et de perversion cachée, ce qui était bien le cas du bourgeois de leur époque…
En revanche, ils furent affectés par l’insuccès de leurs pièces de théâtre.
Edmond avait pour habitude réunir le dimanche, dans sa maison d’Auteuil, un petit cénacle d’amis. C’est là que se concrétisa l’idée de fonder une académie des Goncourt. Instituée par l’écrivain, l’académie fut reconnue d’utilité publique en 1903 et le premier prix Goncourt décerné la même année. Le prix est attribué « au meilleur volume d’imagination en prose » (de préférence un roman).
Edmond mourut d’une congestion pulmonaire à Champrosay, chez Alphonse Daudet. Sa dépouille fut ramenée le lendemain à son domicile parisien d’Auteuil. Après un service religieux célébré en l'église Notre-Dame-d'Auteuil, sous un soleil accablant, Edmond de Goncourt fut transporté le 20 juillet au cimetière Montmartre où reposait déjà son frère. Inséparables dans la vie Edmond et Jules de Goncourt sont inhumés, avec leurs parents, dans une même tombe ornée de deux médaillons signés Alfred Lenoir.