L’occasion de secouer le piétisme familial et d’assumer sa différence se fit lors d’un voyage en Algérie.
En 1897, après l’échec de ses premières publications, Gide commença à devenir Gide avec Les Nourritures terrestres qui allaient lui attirer de nombreux disciples.
Alternance de l’ivresse sensuelle et d’un certain puritanisme marquèrent son œuvre jusque vers 1910.
L’auteur d’Isabelle (1912), de La Symphonie pastorale (1919) et de L’Ecole des femmes (1929) se révéla déjà plus sûr de lui et de son rôle d réformateur qu’il joua avec tant de succès dès l’immédiat après-guerre qui lui conféra la célébrité.
De nombreux fervents disciples, réagissant contre le gavage de grandiloquence patriotique, se reconnurent dans des héros de Gide et se tournèrent vers l’écrivain qui, malgré une œuvre considérable, était surtout connu dans les milieux lettrés.
Si, Corydion, essai socratique tendant à combattre les préjugés envers l'homosexualité et la pédérastie, et Si le Grain ne meurt scandalisèrent les bien-pensants, Les Faux-monnayeurs (1925) lui valut un nouveau succès auprès de la jeune génération,.
D’un long voyage en Afrique noire (1926), il rapporta un véritable réquisitoire contre le colonialisme. Dénonçant le capitalisme, prêt un temps « à donner sa vie » pour le triomphe de l’U.R.S.S., un voyage à Moscou provoqua une vraie douche froide et ses vives critiques. Un malentendu sur le sens de la liberté de l’écrivain… Malgré son vif intérêt pour les grands problèmes de son temps, il conservait une certaine réserve par rapport à l’engagement.
1930 voyait son œuvre pour ainsi dire achevée. S’il restait le premier écrivain de l’époque, l’enthousiasme de la jeunesse commençait à le déserter pour des littératures plus « engagées ».
En 1940, hésitant sur l’attitude à prendre au début de l’occupation, il finit par rompre avec la Nouvelle Revue française (NRF) de Drieu La Rochelle, qui avait publié nombre de ses livres, et partit pour Tunis.
De retour à Paris en 1945, ses publications se raréfièrent.
En 1947, le prix Nobel de littérature récompensait l’ensemble de son œuvre dont l’influence fut immense.
Malade despotique, sa principale préoccupation était désormais la publication de ses dernières œuvres, notamment son Journal.
Mort à Paris, Comédie Française, Société des Auteurs et Compositeurs, Gens de Lettres, amis, proches parents et quasi tout le village l’accompagnèrent à sa tombe au petit cimetière de Cuverville-en-Caux où il possédait une propriété depuis des années.
André Gide fut inhumé auprès de sa femme et cousine, Madeleine Gide (1867-1938). Sur sa sépulture toute simple, son nom et ses dates.