Puis, quittant Florence pour Gênes, il s’associa au chirurgien français Guillaume Desnoues (v.1650-v. 1735) et exécuta diverses pièces anatomiques. Les deux associés s’étant brouillés et séparés, Zumbo vint en France où sa réputation l'avait précédé. Il avait emmené avec lui deux sculptures souvent regardées comme ses chefs-d’œuvre : une Nativité et une Descente de croix dont je n’ai, hélas, pu trouver les représentations ni même ce qu’il en advint.
En 1701, il présenta à l'Académie des sciences une tête en cire, préparée pour une démonstration anatomique. Extraordinaire sculpture dans laquelle on y distinguait les moindres détails : les veines, les artères, les nerfs, les glandes, les muscles avec leur couleur naturelle. Fasciné, Louis XIV l’acheta et l’offrit à Georges Mareschal, son premier chirurgien.
ZUMBO Gaetano (1656 – 22 décembre 1701)
► Sculpteur ciro-plasticien italien
Quel étonnant personnage que cet abbé sicilien d’origine noble mais sans fortune qui sut, sans aucun maître, développer son don pour la sculpture qu’il perfectionna par des cours d’anatomie, domaine qui le passionnait.
N’ayant jamais appris à manier le ciseau, il employait pour ses compositions une cire colorée et vernie qu'il préparait lui-même, et dont il avait seul le secret.
De ce secret et de sa connaissance des corps allaient naître des œuvres sombres et empreintes de souffre qui firent sa célébrité : les cadavres humains et leur décomposition déclinés dans toutes les tonalités de la corruption.
Appelé à Florence par le grand-duc de Toscane, Cosme III de Médicis, il exécuta pour lui ses œuvres les plus connues : la Putréfaction et la Peste. Sortes de petits théâtres, comme devaient le dire les frères Goncourt : «[...] leur taille réduite ôte de l'horreur à ces horreurs et leur confère un peu le caractère d'un jouet. »
Son secret de fabrication imitait si bien le naturel que la nature n’aurait su être plus expressive ni plus vraie. Il fit de lui le plus grand ciro-plasticien du 17ème siècle.
La Peste. Photo ? - Musée de la Specola / Florence
La Peste. Photo ? - Musée de la Specola / Florence
Dans cette scène de désolation vidée de tout espoir de résurrection, on voit à droite le nettoyeur de rues, le nez protégé, se frayant un chemin parmi les cadavres livides qui contrastent avec sa carnation de vivant.
Discrètement, l’auteur a placé son autoportrait, seul visage non corrompu de cette composition.
Autoportrait en bas à gauche. Photo ? - Musée de la Specola / Florence
A la suite de ce succès, il obtint le monopole des préparations anatomiques et le droit de donner publiquement des leçons d’anatomie. Mais au fait de sa gloire, il mourut brutalement d’une hémorragie peut-être due à la tuberculose.
Gaetano Zumbo fut inhumé en l’église Saint-Sulpice. Il ne reste aucune trace de sa tombe, ou plus exactement de son cercueil. Ses restes disparurent-ils lors des profanations révolutionnaires ou sont-ils dans l’ossuaire ? Nul ne saurait le dire.
La grande majorité de ses œuvres est aujourd’hui conservée au musée scientifique de La Specola à Florence.
L'écorché © Lucarelli –Musée de la Specola / Florence
26 avril 2015
TOMBES ET SEPULTURES DANS LES CIMETIERES ET AUTRES LIEUX
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TOMBES SÉPULTURES DANS LES CIMETIÈRES ET AUTRES LIEUX
par Marie-Christine Pénin
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