Issu d’une famille bourgeoise catholique et conservatrice, c’est ainsi que jeune opportuniste d’extrême droite glissa du régime de Vichy, dont il conserva de solides amitiés, à la Résistance, glissement pointé du doigt d’une façon récurrente par ses opposants.
Membre (1946), puis président (1953-1965) de l’Union démocratique et socialiste de la Résistance (UDSR), cette formation lui offrit son premier laboratoire politique.
Devenu, en 1947, l'un des plus jeunes ministres de France avec le portefeuille des Anciens Combattants dans le gouvernement du socialiste Paul Ramadier, il détint dix autres portefeuilles sous la IVe République. Député de la Nièvre (1946-1958 et 1962-1981), puis sénateur de ce même département (1959-1962), opposé au retour du général de Gaulle, en 1958, l’animal politique qui s’était affirmé se confronta à ce dernier lors du second tour de l'élection présidentielle de 1965 qu'il perdit.
Avoir des idées qu’on pense justes ne saurait cependant être gage de succès. Encore faut-il être assez tenace pour les faire triompher. Et il l’était.
Premier secrétaire du jeune Parti socialiste en 1971, il se présenta comme candidat de l'Union de la gauche à la présidentielle de 1974 où il fut battu par Valéry Giscard d'Estaing avant de gagner contre le même sept plus tard, en 1981.
Premier socialiste à occuper la présidence de la République sous la Ve République et premier à cumuler deux septennats complets (1981-1995), on lui doit d’avoir fait voter l’abolition de la peine de mort, plusieurs lois sociales et économiques (Tournant de la rigueur), d’avoir nommé pour la première fois une femme au poste de Premier ministre, Edith Cresson, etc.
Souhaitant inscrire son temps dans la culture, il lança une politique de grands travaux nationaux qui vit la création de la pyramide du Louvre, de la Grande Arche de la Défense, de l’Opéra Bastille, de la Bibliothèque nationale de France, etc.
Atteint d’un cancer de la prostate dès son élection de 1981, il réussit néanmoins à dissimuler sa maladie jusqu’en septembre 1992 où, contraint de se faire opérer, il fit connaître la nature exacte de son mal qui l’emporta quatre ans plus tard. Caméléon historique, il fut sans doute « un socialiste plus croyant que pratiquant ».
Le 11 janvier, décrété deuil national, alors qu’une cérémonie officielle se préparait à Notre-Dame de Paris en présence de très nombreux hommes d’état et de représentants de gouvernements, un Transall transportait son cercueil jusqu’à Cognac pour ses obsèques privées à l’église de Jarnac où se trouvaient rassemblés famille officielle et famille officieuse, proches et amis de toujours.
Après avoir renoncé à être enterré sous un chêne au sommet du mont Beuvray, là où Vercingétorix fut proclamé chef de la Gaule unifiée, François Mitterrand fut inhumé dans le caveau de la chapelle familiale au cimetière de Jarnac, sa terre natale. Depuis, le visiteur n’a qu’à suivre un panneau pour trouver l’emplacement de la tombe.