Alors que le maréchal Pétain demandait aux Français de "cesser le combat" et négociait avec l'ennemi un armistice, le général de Gaulle lança le 18 juin 1940, depuis Londres, sur les ondes de la BBC, son célèbre appel dans lequel il exhortait les Français à continuer le combat car "la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre". La France libre était née. Il entendait maintenir la France dans la guerre aux côtés des Alliés, et ce, sur tous les fronts avec les Forces Françaises Libres (FFL). Il parvint progressivement à rallier sous son autorité les mouvements de résistance intérieure et à imposer la légitimité de la France libre aux Alliés.
À la Libération, premier président du gouvernement provisoire, il restaura la République et posa les fondements d’une France nouvelle. En désaccord avec les partis politiques, il démissionna du gouvernement en janvier 1946. Hostile à la IVème République, ce "régime des partis", il fonda alors en 1947 un rassemblement - le RPF - qui mena un combat pour de nouvelles institutions. Malgré le succès foudroyant des débuts, le RPF déclina à partir de 1953 et son créateur entama alors sa "traversée du désert". Retiré dans sa propriété de Colombey-les-deux-églises, il écrivit ses Mémoires de guerre.
L'incapacité de la IVème République à résoudre le conflit algérien précipita son retour au pouvoir à partir de mai 1958. S'imposant comme seul recours pour régler ce conflit, il fut appelé à la tête du gouvernement. Il dota la France d'une nouvelle Constitution et la Cinquième République vit le jour dont il devint le premier Président en décembre 1958. Il fut réélu en 1965 cette fois au terme d'une élection au suffrage universel direct.
Après avoir redressé la situation économique de la France en 1958, il mena de profondes réformes en ce domaine sur fond de prospérité des années 60. Décolonisation, construction de l’Europe et indépendance nationale : il imposa aussi la France sur la scène internationale. A la fin des années 60, la jeunesse occidentale se révolta.
En mai 1968, alors que Paris était le théâtre de durs affrontements la contestation gagna progressivement tous les secteurs d’activité du pays. La France était paralysée. Cette crise lui parut fournir l'occasion de concrétiser sa grande idée de Participation. En avril 1969, il proposa un référendum sur la régionalisation et la réforme du Sénat. Le "non" l'emporta : le général de Gaulle remit alors immédiatement sa démission et se retira définitivement de la vie politique.
Le 9 novembre 1970, comme il en avait l’habitude, le Général entama une partie de patience. À 19 h 10, il fut pris d'un malaise causé par une rupture d'anévrisme et mourut vingt minutes plus tard. La nouvelle ne fut communiquée que le lendemain par une brève allocution télévisée du président Georges Pompidou.
Sa mort, qui selon l'expression de son successeur, laissait « la France veuve », fut l'occasion de prendre la mesure du rôle qu'il a joué dans l'histoire de France, ainsi que dans l'histoire de l'Europe et du monde.
Dès 1952, le Général avait donné ses instructions pour ses obsèques dont il bannissait les cérémonies solennelles et toute démonstration ostentatoire. Il voulait reposer simplement auprès de fille Anne (1928 – 1948), trisomique, décédée à l’âge de vingt ans et pour laquelle le général avait un profond attachement.
Il avait nommé son fils, Philippe, son exécuteur testamentaire et, à ce titre, lui confirma ses volontés de 1952. Dans son esprit, il était hors de question que sa dépouille soit l’objet d’une récupération politique par ses ennemis de la IVe République ; il était hors de question que des hommes qui le détestaient puissent entacher ses obsèques de leur hypocrisie. Seule une délégation des armées françaises était autorisée à y participer.
A l’extérieur de la Boisserie, une émotion sincère étreignait la foule immense attendant le convoi funèbre. Ce témoignage émouvant accompagna Charles de Gaulle jusqu’à sa tombe dans la simplicité qu’il avait souhaitée.
A Notre-Dame de Paris, on donna une messe à sa mémoire à laquelle assistèrent de nombreux chefs d’Etats venus lui rendre un dernier hommage. Aucun membre de la famille du Général n’y assista.
Mais au bout compte, ces deux cérémonies représentaient bien la vie de Charles de Gaulle qu’il avait scindée en deux : l’officielle et la privée à laquelle il n’avait jamais permis de donner accès et dans laquelle il se montrait bien différent du personnage public que les Français connaissaient.
Et depuis, on ne compte plus les personnalités politiques de droite se référant au mètre étalon qu'il était mais qui d'un revers de mépris en aurait certainement balayé la plupart. Quel que soit notre sentiment à l'égard de sa vision politique comme Président, il restera toujours "l'homme du 18 juin".