Le 9 novembre 1970, comme il en avait l’habitude, le Général entama une partie de patience. À 19 h 10, il fut pris d'un malaise causé par une rupture d'anévrisme et mourut vingt minutes plus tard. La nouvelle ne fut communiquée que le lendemain par une brève allocution télévisée du président Georges Pompidou.
Sa mort, qui selon l'expression de son successeur, laissait « la France veuve », fut l'occasion de prendre la mesure du rôle qu'il a joué dans l'histoire de France, ainsi que dans l'histoire de l'Europe et du monde.
Dès 1952, le Général avait donné ses instructions pour ses obsèques dont il bannissait les cérémonies solennelles et toute démonstration ostentatoire. Il voulait reposer simplement auprès de fille Anne (1928 – 1948), trisomique, décédée à l’âge de vingt ans et pour laquelle le général avait un profond attachement.
Il avait nommé son fils, Philippe, son exécuteur testamentaire et, à ce titre, lui confirma ses volontés de 1952. Dans son esprit, il était hors de question que sa dépouille soit l’objet d’une récupération politique par ses ennemis de la IVe République ; il était hors de question que des hommes qui le détestaient puissent entacher ses obsèques de leur hypocrisie. Seule une délégation des armées françaises était autorisée à y participer.
A l’extérieur de la Boisserie, une émotion sincère étreignait la foule immense attendant le convoi funèbre. Ce témoignage émouvant accompagna Charles de Gaulle jusqu’à sa tombe dans la simplicité qu’il avait souhaitée.
A Notre-Dame de Paris, on donna une messe à sa mémoire à laquelle assistèrent de nombreux chefs d’Etats venus lui rendre un dernier hommage. Aucun membre de la famille du Général n’y assista.
Mais au bout compte, ces deux cérémonies représentaient bien la vie de Charles de Gaulle qu’il avait scindée en deux : l’officielle et la privée à laquelle il n’avait jamais permis de donner accès et dans laquelle il se montrait bien différent du personnage public que les Français connaissaient.
Et depuis, on ne compte plus les personnalités politiques de droite se référant au mètre étalon qu'il était mais qui d'un revers de mépris en aurait certainement balayé la plupart. Quel que soit notre sentiment à l'égard de sa vision politique comme Président, il restera toujours "l'homme du 18 juin".