Sans reprendre l’inventaire exhaustif de ses exploits, notons tout de même les suivants parmi d’autres : en 1689, lors de la guerre de la Ligue d’Augsbourg, il réussit à transporter tout un chargement de munition entre Brest et Calais en dépit des croisières anglo-hollandaises ; la même année, fait prisonnier par les Anglais, il s’évada et gagna Saint-Malo en deux jours; en 1692, capitaine de vaisseau, avec seulement sept frégates, il força le blocus anglo-hollandais de la rade de Dunkerque, brûla une centaine de navires marchands ennemis, opéra une descente sur les côtes anglaises, détruisit quelques deux-cents maison et revint à Dunkerque chargé de prises ; en 1693, en pleine crise des subsistances, il réussit à reprendre une centaine de navires chargés de blé capturés par l’ennemi à qui il infligea encore de lourdes pertes en 1696, etc.
Comblé d'honneurs, le roi lui accorda ses lettres de noblesse (1694).
En 1702, la guerre de succession d'Espagne était sur le point d'éclater. Mais alors que Jean, chargé d’apporter des améliorations au port de Dunkerque, se réjouissait de commander une escadre sur un superbe navire tout juste sorti des chantiers, lui qui avait souvent vu la mort de près dans les combats et dans les tempêtes, fut atteint d'une pleurésie et mourut. Lui succéda alors un homme remarquable, Marc-Antoine de Saint-Pol Hécourt.
Jean Bart fut inhumé au pied du maitre-autel dans le chœur de l’église Saint-Eloi de Dunkerque où vint le rejoindre, dix-sept ans plus tard, sa seconde épouse, Marie Tugghe († 1719).
Cependant, le seul « monument » qui lui avait érigé était une pierre gravée de son épitaphe et de celle de sa femme, adossée à la sacristie laissant croire que le plus célèbre des enfants des Dunkerque avait été relégué dans un des bas côtés de l’édifice. Pire, on pensait que les restes du héros avaient été mélangés avec les ossements de centaines de quidams ordinaires qu’on avait rassemblés lors d’exhumations en 1783/1784 ! Qu'était-il advenu de la dépouille du plus célèbre des enfants de Dunkerque ?
Plus de deux siècles passèrent. En décembre 1928, grâce à divers documents d’archives et informations venant confirmer des convictions, on entreprit des fouilles avec des indications précises. Sous des ossements pêle-mêle, on trouva un cercueil de bois consumé et un autre de plomb affaissé, ceux d’un homme et d’une femme.
Tous les examens très détaillés du squelette masculin ne laissèrent aucun doute : il s’agissait bien des restes du grand marin.
Avant d’être ré-inhumés à la même place dans une nouvelle bière, ses ossements furent exposés dans un cercueil de verre pendant huit jours dans l'église. Depuis, la pierre gravée d’origine sert de stèle à la tombe que rien n’indique au sol.
En deux mariages, Jean Bart eut treize enfants. Deux seulement atteignirent l’âge adulte, dont François- Cornil, né de sa première union.