Puis ce fut le plongeon vers un cinéma commercial qu’il avait pourtant dénoncé et qui, sans être franchement mauvais, était décevant par rapport à ses ambitions initiales.
Comme un peu perdu, à partir de 1970, avec Que la bête meure (1969), ou Le Boucher (1970), tous deux marqués par un Jean Yanne impressionnant , il amorça sa troisième période, sa meilleure, même si tous ses films ne rencontrèrent pas le succès escompté. Juste observation du milieu géographique et reconstitution fidèle de la vie provinciale, souci de la précision dans la description d’un milieu bourgeois parfaitement daté, etc., furent autant d’éléments qui encrèrent le renouveau de son œuvre dans cette décennie : Les Noces rouges (1973), Nada (1974) qui apporta le contrepoint anarchiste à cette société de consommation ; etc.
Puis lui vint le goût du film policier inspiré ou non de vraies affaires criminelles : Docteur Popaul (1972) ; Les Liens du sang (1978) ; Violette Nozière (1978).
Puis, il s’essaya au régionalisme avec Le Cheval d’orgueil (1980) dont l’échec le contraignit à chercher une nouvelle voie marquée par d’autres insuccès. Il fallut attendre la mi-décennie 1980 pour retrouver le vrai Chabrol, sa haine du bourgeois et son goût pour la « bouffe » dans la série des enquêtes policières de Poulet au vinaigre (1985) ou de L’Inspecteur Laverdin (1986).
Une Affaire de femmes (1989), réquisitoire contre Vichy et sa politique contre l’avortement, qui mettait en lumière l’affaire bien oubliée de Marie-Louise Giraud guillotinée comme avorteuse , suscita de vives réactions et Chabrol retourna à la routine antibourgeoise.
En 1995, entre peinture sociale et étude de cas clinique, La Cérémonie, adaptation d'un polar de Ruth Rendell (1930-2015), lui-même librement inspiré de l'affaire des sœurs Papin, constitua un sommet de l'art chabrolien et valut un César à Jean-Pierre Cassel.
On lui aussi d’avoir signé de nombreuses fictions pour la télévision.
Ignoré par les Césars, mais chéri par la critique, le malicieux Chabrol était devenu au fil des ans un personnage médiatique paradoxal, affichant sur les plateaux de télévision une bonhomie qui n'avait d'égale que la noirceur de ses films. Il tira sa révérence affranchi de toute école, mais pourfendeur amusé, goulu, fin gourmet et reconnu.
Il fut inhumé en toute intimité au cimetière du Père-Lachaise. Sur sa tombe, simplement son nom et ses dates.