En ce 19ème siècle, où le regard porté sur la chasse d’animaux sauvages était bien différent du nôtre, ce fut un vrai best seller.
Initié très jeune à cet art par son père, il avait à peine vingt ans quand il s’embarqua pour l’Amérique. Fortune faite « honorablement », entre autres en trafiquant avec des indiens du Mississipi, il rentra en France en 1844. Après avoir, moyennant des primes, chassé le loup et le sanglier en Côte-d’Or, il découvrit l’Algérie et ses panthères qui avaient réputation de ravager les tribus. C’est ainsi qu’il décida
« de défendre l’Algérie contre un ennemi cruel, insatiable, qui sans cesse revient au pillage et qu’on ne peut arrêter », et de faire, à lui seul, la chasse à la panthère dont il devint un spécialiste reconnu.
Pendant la guerre de 1870-71, il organisa et commanda une compagnie de francs-tireurs qui prit part aux combats de la Loire et de l’Est.
Daudet ne le rencontra jamais, mais connaissait sa réputation qu’il traduisit au travers du prisme des histoires que lui racontait son cousin germain, Antoine-Henry Reynaud, personnage bâti comme un colosse, truculent, excentrique, fanfaron et aussi amateur de chasse, avec lequel il voyagea en Algérie, où ils chassèrent le lion, et qui lui inspira le caractère de Tartarin. D’ailleurs, lorsque qu’en 1863, l’écrivain publia sa nouvelle Chapatin de Tarascon, il reprenait le surnom de son cousin qui le prit fort mal.
Il ne fut pas le seul à avaler de travers. En 1872, lorsque Chapatin de Tarascon, transformé en Barbarin, et enfin en Tartarin de Tarascon, fut publié, les Provençaux en général, et les Tarasconnais en particulier, n’apprécièrent guère de se voir ainsi ridiculiser. Ce fut un échec.