Elu au Comité directeur (1924), puis au Comité central (1929) du parti, il appartint alors au cercle restreint de sa direction.
Intellectuel charismatique, homme d’idées, orateur de talent, porte-parole de la Société des Nations, il fut élu député d’Argenteuil (1932) et vice-président de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale (1936) où il déploya une grande activité et devint l’un des députés les plus écoutés.
La signature du pacte germano-soviétique le 23 août 1939, quelques jours avant la déclaration de guerre, laissa stupéfaits bien des parlementaires communistes. Bien qu’ébranlé dans ses convictions, Péri, tout à son antifascisme, refusa de quitter le PCF et continua à militer.
L’interdiction officielle du PCF et les condamnations d’emprisonnement prévues pour ses dirigeants allaient contraindre ceux-ci à l’exil ou à la clandestinité, choix que fit Péri alors jugé par contumace et condamné à cinq ans de prison.
Replié dans un appartement du 19e arrondissement de Paris, il poursuivit la publication d’articles dans L’humanité, maintenant clandestine. Mais cette vie de planque et d’actions ne dura pas. Arrêté le 18 mai 1941, probablement sur dénonciation, le Gouvernement de Vichy lui fit savoir qu’il était prêt à discuter avec lui : en échange du désaveu officiel des actes terroristes menés par le PCF clandestin, une aide certaine pouvait lui être apportée, ce qui fut le cas pour Marcel Cachin, leader historique du parti. Selon son avocat, il aurait réfléchi à cette proposition. Quoiqu’il en soit, ces démarches n’aboutirent pas.
Livré aux autorités allemandes, transféré à la prison du Cherche-Midi (Paris), il fut alors considéré comme otage à savoir, susceptible d’être fusillé à n’importe quel moment en réponse aux attentats commis contre l’occupant.
Le 14 décembre 1941, apprenant son exécution pour le lendemain, il écrivit une lettre à son avocate, à la fin de laquelle il évoquait « le communisme est la jeunesse du monde et qu’il prépare des lendemains qui chantent ». Cette lettre, parvenue à Londres, fut lue à la radio par Maurice Schumann. Traité en héros, sa mémoire exaltée et transcendée, son nom fit partie de ceux mis au premier plan de la lutte patriotique menée par le PCF.
Sa mort
Une exécution de masse, comprenant une centaine de personnes, avait été prévue pour le 15 décembre 1941, et sur laquelle il me semble important de revenir afin de clarifier les amalgames récurrents fournis par de nombreux blogs sur le Net qui avancent, la plupart du temps, des chiffres erronés sur les victimes de ce jour au Mont-Valérien, principal lieu d’exécution de Paris. La zone nord occupée fut aussi concernée. Sur les 95 fusillés du 15 décembre 1941:
-69 le furent au Mont-Valérien (Suresnes) et 26 en province dont, sauf omission, 9 à Châteaubriant, 13 à Caen et 4 à Fontevraud.
Où fut-il vraiment inhumé ?
Réputé avoir été enterré à Ivry, si l’on devait se fier au poème d’Aragon, La Légende de Gabriel Péri :
C'est au cimetière d'Ivry
Qu'au fond de la fosse commune
Dans l'anonyme nuit sans lune
Repose Gabriel Péri
[...],
la chose est entendue, à ceci près qu’il s’agit du cimetière parisien d’Ivry, et que jamais aucun élément n’y a prouvé sa présence.
L’exécution de masse du 15 décembre 1941 était la première du genre. Afin d’éviter tout rassemblement sur la tombe d’un fusillé, les Allemands décidèrent de procéder à des inhumations anonymes et réparties dans plusieurs cimetières.
Si l’on constate une rapide levée de cet anonymat et/ou du lieu de sépulture, des réponses ne seront jamais apportées : les entrées des fusillés n’ont pas toujours été notées dans les registres des cimetières ou plus tardivement (à défaut du nom, le nombre de fosses creusées à la demande des autorités allemandes). Au Mont-Valérien, les Allemands s’empressèrent de détruire de nombreux documents à la Libération. Quant aux témoins des exécutions susceptibles de donner des informations précises, excepté le père Franz Stock, qui nota autant les faits que ses sentiments dans un carnet, ils ne furent pas nombreux. Le relais de renseignements a éventuellement pu se faire par des personnes de l’extérieur. Enfin, le temps et/ou la négligence ont aussi égaré des documents détenus par les cimetières. Quant à la mémoire du personnel y travaillant à cette époque, elle est enterrée avec eux.
Cette généralité posée, que s’est-il passé le 15 décembre 1941 ?
Jusqu’à présent, cinq cimetières ont été identifiés pour avoir reçu les victimes du jour, même si la répartition de leur nombre est à prendre avec précaution : Suresnes (26, à priori), La Garenne-Colombes (7, à priori), Nanterre (3, à priori), Neuilly-sur-Seine (3, à priori), Puteaux (12 avec certitude, car le rapport attestant du creusement de fosses par des soldats allemands a été conservé). Reste donc 28 corps non localisés « officiellement ».