Anxieux d'un possible dévoiement du rôle dévolu aux scientifiques, il garda toujours à l'esprit que les mathématiques (et, par delà, toute science) doivent aussi être développées pour elles-mêmes, selon leur rythme propre qui ne peut être dicté par aucune considération de rentabilité ou de profit plus ou moins immédiat. En bon probabiliste, il demeura défenseur du hasard et de la nécessaire liberté des chercheurs.
Publiciste et animateur de plusieurs collections scientifiques importantes, vulgarisateur inlassable de la science de son temps à destination du plus grand nombre, certains lui reprochèrent d'avoir abandonné le terrain de la science pour le journalisme. Mais, toute sa vie, cet intellectuel milita sans relâche pour mettre les découvertes scientifiques et technologiques au service de la vie sociale.
Soutenu de façon indéfectible dans sa démarche et sa tâche par son épouse, la romancière Camille Marbo, il incarna ainsi le rôle du savant au cœur de la cité. Rôle qui ne se démentit pas lorsque, engagé en politique dont la mouvance radical-socialiste, à laquelle il adhéra comme député de l'Aveyron, faisait une des chevilles ouvrières du progrès social. Il fut ministre de la Marine (17 avril-28 nov.1925).
Fondateur de l'Institut de statistique de l'université de Paris (ISUP) (1922), président de la Confédération des travailleurs intellectuels, membre de l'Académie des sciences, dont il fut élu président en 1934, il participa à la création de l'organisation d'État de la Recherche, qui devint le CNRS, fut président du comité des sciences de l'UNESCO (1948), etc.
Résistant durant la Seconde Guerre mondiale, il poursuivit son engagement politique à Saint-Affrique, sa ville natale, dont il fut maire PRS de 1929 à 1941, puis de 1945 à 1947.
Lorsqu’il mourut, ce représentant emblématique de la « république des professeurs » fut inhumé dans cette commune.
Située en haut du cimetière "ancien" en espalier, sa tombe toute simple, où le rejoignit sa femme, surplombe discrètement les lieux dont le charme singulier ne laisse pas indifférent le visiteur.