Si le texte en grec ancien fut assez vite traduit, il s’agissait d’un décret promulgué à Memphis par le pharaon Ptolémée V en 196 av. J.-C., il n’en alla pas de même avec le démotique et les hiéroglyphes.
Dès lors, la pierre ne cessa d’exciter la curiosité des savants. Qui réussirait à la déchiffrer ce que personne ne comprenait ? Silvestre de Sacy, qui maîtrisait de nombreuses langues orientales, s’y frotta en vain. D’autres suivirent qui se cassèrent aussi le nez.
L’Anglais Thomas Young fut le premier à déchiffrer la version démotique et à comprendre que les cartouches en hiéroglyphes contenaient les noms de divers pharaons. En 1814, sous un pseudonyme, il publia ses découvertes dans lesquelles, à côté de belles trouvailles, figuraient aussi d’énormes erreurs.
Tout en travaillant à différents ouvrages, au gré des troubles politiques, dus aux Cents Jours et à la chute de Napoléon Ier, Champollion avait quitté Grenoble, y était revenu avant de rejoindre Paris où, lui aussi, toujours obsédé par la pierre de Rosette, s’acharnait à aller plus loin que Young, son grand concurrent dans l’affaire. Et il y arriva !
A défaut de posséder la pierre, les Français en avaient une copie. Champollion, finit par observer que le texte hiéroglyphique contenait trois fois plus de signes que le texte grec ne comptait de mots. Il en déduisit que, contrairement aux théories du moment, les hiéroglyphes n’étaient pas seulement des idéogrammes mais pouvaient aussi, dans un même texte, servir de signe phonétique comme nos lettres de l'alphabet.
Le 27 septembre 1822, au terme de recherches harassantes, il découvrait enfin le secret des hiéroglyphes. Son émotion fut si grande qu’il sombra dans un état d'inconscience. Cinq jours plus tard, il révélait sa découverte dans une lettre à l'Académie des Inscriptions et des Belles Lettres. Ce fut la consécration.
Nommé conservateur chargé des collections égyptiennes au musée du Louvre (1826), il fut à l’origine de nombreuses acquisitions, dont celle de l’obélisque de Louxor qui se dresse sur la place de la Concorde.
En 1828, il réalisa enfin son rêve : partir pour une mission scientifique en Egypte où il recueillit de nombreux données et objets pour vérifier que son système hiéroglyphique fonctionnait bien.
De retour en France, en décembre 1829, il dut subir une quarantaine à Toulon dans un lazaret humide et glacé qui aggrava son état de santé.
Elu à l'Académie des inscriptions et belles-lettres, il obtint la chaire d'Antiquité égyptienne au Collège de France dont il ne profita guère longtemps. Il mourut prématurément couvert d’honneurs, laissant une veuve et une orpheline.
Son frère ayant refusé une autopsie, la cause exacte de sa mort étant inconnue, elle est toujours sujette à hypothèses.
Selon sa volonté, Jean-François Champollion, dit Champollion le Jeune pour le distinguer de son aîné, fut inhumé au cimetière du Père-Lachaise près de son ami et protecteur, Joseph Fourier. Sur sa tombe, se dresse une stèle en forme de pyramide. Quoi de plus normal pour celui qui, dans l’Histoire, restera à jamais, le génial déchiffreur des hiéroglyphes.