LE BERNIN, Gian Lorenzo Bernini, dit(1598 – 28 novembre 1680)
Basilique Sainte-Marie-Majeure à Rome (Italie)
Fils d’un sculpteur de second ordre, c’est à Rome que ce napolitain travailla principalement et qu’il devint le meilleur sculpteur de son temps ainsi qu’un éminent architecte. Artiste aux multiples facettes, il peignait, écrivait des pièces de théâtre, créait des décors, etc.
Par la gloire qu’il eut de son vivant, la fascination qu’il exerça sur les artistes contemporains, et le nombre de formes nouvelles dont il contribua à doter l’architecture, sa place dans l’histoire de l’art européen est en soi un phénomène à peu près unique. En revanche, sa peinture, activité annexe, a beaucoup moins marqué les esprits.
En étudiant la sculpture classique, il acquit la capacité unique de capturer avec le marbre, l’essence d’un moment narratif avec un réalisme presque choquant. Successeur de Michel-Ange, il éclipsa d’autres sculpteurs de sa génération, tel que son rival Alessandro Algardi (1595/1598- 1654).
Avec les quatre groupes commandés par le cardinal Scipion Borghèse (1577-1633), sur lesquels il travailla cinq ans, évoquant trois sujets mythologiques et un biblique, il atteignit une gloire immédiate. Sa réputation dépassa les frontières et Colbert l’invita en France, où il arriva en 1665, pour travailler sur la restructuration du Louvre. Finalement, bien que reçu comme un prince, son projet ne fut pas retenu, il marqua son bref séjour d’un buste de Louis XIV.
L’enlèvement de Prosepine (1622/1624)-Rome-Galerie Borghèse
Profondément religieux, il sut à merveille utiliser la lumière comme un élément important dans la perception métaphorique de œuvres religieuses, comme il sut « théâtraliser » la foi : Extase de sainte Thérèse, commande du cardinal Federico Cornaro (1579-1653) pour célébrer sainte Thérèse d’Avila, et souvent regardé comme son chef-d’œuvre ; Extase de la bienheureuse Ludovica Albertoni (1675) en l'église San Francesco a Ripa à Rome ; le baldaquin de bronze au-dessus de l'autel de saint Pierre à Rome , etc.
Son talent, prolongé au-delà des limites de la sculpture, et sa capacité à synthétiser cet art, la peinture et l’architecture dans un ensemble conceptuel cohérent et visuel, en firent aussi une figure de premier plan dans l’émergence de l’architecture baroque romaine. Son sens artistique, peut-être plus développé que celui de ses rivaux et malgré l’inventivité de ces derniers, lui valut plus de contrats en particulier pendant les règnes des papes Urbain VIII et Alexandre VII dont il réalisa les tombeaux. Ainsi réussit-il à obtenir la plus importante des commandes à Rome de son époque : la basilique Saint-Pierre. La colonnade de place Saint-Pierre, qui précède l’édifice, est l’une des conceptions les plus brillantes et innovatrices de sa carrière.
Colonnade de la place Saint-Pierre en 1748 par Piranèse (1720-1778)
Parmi ses nombreuses réalisations architecturales, qu’elles soient totales ou participatives, l’artiste signa également une longue série de « mobilier urbain » dont plusieurs fontaines.
Son œuvre compte aussi une quinzaine de monuments funéraires, y compris ceux pour lesquels il donna seulement des dessins, supervisa l’exécution (tombeau du cardinal Pimentel, en l’église Santa Maria sopra Minerva à Rome), et les simples « épitaphes » souvent conçues comme un jeu tumultueux de draperies encadrant le portait du défunt en médaillon (cénotaphe de Maria Raggi en la même église). Pourtant, grâce à trois créations d'importance exceptionnelle, sa place dans l'évolution de l'art funéraire est considérable : tombeaux d'Urbain VIII, d'Alexandre VII et de Mathilde de Toscane. Il mit au point les formules qui furent adoptées par la suite dans la plupart des tombes pontificales et nombre de monuments de grands personnages : statue du défunt, exalté sur un haut socle, dominant les allégories des vertus, dont les attitudes s'équilibrent en une savante dissymétrie, etc.
Comme d’autres, la critique néoclassique de l’époque baroque le fit tomber plus tard en « disgrâce ». Heureusement, à la fin du 19ème siècle, dans la recherche d’une compréhension de la production artistique et du contexte culturel dans laquelle elle fut produite, on reconnut les réalisations du Bernin et l’on restaura sa réputation artistique.
A sa mort, Gian Lorenzo Bernini fut inhumé sur le côté droit du grand autel en la basilique Sainte-Marie-Majeure. Sur sa tombe très simple on peut lire sous ses armes que : « La noble famille Bernini attend ici la résurrection ».
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