Gouvernant comme un souverain absolu, en pleine guerre de Trente ans qui opposa les États allemands protestants du Saint-Empire au camp des Habsbourg d’Espagne et du Saint-Empire qu’il soutenait, il essaya de défendre les intérêts, parfois contradictoires, des Etats pontificaux. De son côté, la France, bien que catholique et qui s’opposait aux protestants du royaume, entendait réduire la puissance de la maison de Habsbourg sur le continent européen.
Appuyant la Contre-réforme tout en cherchant un équilibre entre les deux religions, condamné à l’impuissance lorsqu’il choisit la neutralité, il déploya une intense activité diplomatique en renouvelant régulièrement ses appels pour amener les princes catholiques vers une conférence de la paix. Ses efforts aboutirent peu avant sa mort quand des pourparlers débutèrent à Münster (avril 1644).
Seules dividendes de sa politique : il réussit à maintenir hors du conflit les Etats pontificaux dont il fit fortifier plusieurs villes, annexa le duché d’Urbino mais échoua dans sa tentative de dépouiller les Farnèse de leur duché de Castro. Il transforma le château Saint-Ange en citadelle et entoura le Vatican d’un haut mur.
Parallèlement aux missions intérieures de la reconquête catholique en Europe, il porta un soin particulier aux missions lointaines.
Ces tendances centralisatrices le poussèrent à interdire de rendre un culte public à des personnages non béatifiés par le Saint-Siège. C’est ainsi que par deux décrets, il définit une procédure stricte et universelle pour les procès en béatification et canonisation, procédure qui resta inchangée jusqu’en… 1983.
Mais, au terme d’un long pontificat de vingt-et-un ans, Urbain VIII laissa aux Romains le détestable souvenir d’un pape manipulé par sa famille après avoir fait preuve de népotisme au début de son règne, avide d’argent et prompt à lever des impôts tandis que, pour les Européens de l’époque engagés dans la guerre de Trente Ans, il faisait figure de traître dans tous les camps.
De nos jours, il reste surtout celui qui abandonna son ami Galilée aux mains du Saint-Office de l’Inquisition et déclencha la longue crise janséniste.
Les Romains, qui ne lui pardonnèrent pas la trop forte pression fiscale due à la guerre contre les Farnèse pour le duché de Castro, le surnommèrent le pape « gabelle ». L’annonce de sa mort donna lieu à Rome à des réjouissances publiques qui tournèrent à l’émeute. Il laissait un Etat pontifical exsangue et sa famille dut fuir en France afin d’échapper à l’enquête exceptionnelle diligentée par son successeur sur ses malversations financières.
Malgré tout, fin lettré et polyglotte, il se montra un mécène généreux et avisé qui sut mettre l’art au service de la Contre-Réforme. Il donna des commandes à de nombreux peintres étrangers qui venaient à Rome s’initier au baroque triomphant : Van Dyck, Claude Lorrain, Poussin, Diego Vélasquez, etc. Son coup de génie fut d’avoir, entre autres, protégé Le Bernin et de l’appeler pour aménager la nouvelle basilique Saint-Pierre qu’il consacra en 1626.
En 1628, il passa commande de son tombeau à ce même artiste qui l’acheva en 1647. Urbain VIII fut inhumé en la basilique Saint-Pierre. A la composition triangulaire des statues, le Bernin donna une signification totalement nouvelle en canalisant le mouvement du regard dans une perspective de théâtralité. Il représenta le pape assis sur un trône, surplombant son propre sarcophage d’où surgit un squelette (la Mort) couvert d’un linceul doré semblant tenir ou écrire son épitaphe. Deux Vertus, la Justice et la Charité, entourent le monument, qui allie le bronze au marbre. Cette conception de la Foi victorieuse sur la Mort fut reprise dans le tombeau d’Alexandre VII.