Durant la Deuxième Guerre mondiale, Nasser resta du côté des Alliés et découvrit la doctrine marxiste qui eut ensuite une grande influence sur son évolution intellectuelle.
En mai 1948, alors qu’il participait à la guerre contre Israël, il constata l'état d'abandon de l'armée égyptienne. Au lendemain de la défaite, il fit partie des officiers qui mirent en cause le régime du roi Farouk.
En janvier 1952, les Britanniques, ayant ouvert le feu sur des policiers égyptiens dans la zone du canal de Suez, provoquèrent une explosion nationaliste qui dégénéra en émeute. Dans la nuit du 22 au 23 juillet, Nasser s'empara du pouvoir et prit le commandement du Conseil de la révolution, laissant au très populaire général Néguib le poste de chef de l'Etat.
Rompant avec Néguib deux ans plus tard, il mit en place son pouvoir personnel en s’appuyant sur l'armée et sur une large fraction de la paysannerie, bientôt suivis des fonctionnaires et des petits industriels. C'est au retour de la conférence de Bandung en 1955, qui marqua l'entrée sur la scène internationale des pays décolonisés du « tiers monde » , qu'il obtint la reconnaissance des masses.
En juillet 1956, alors qu'il s'était tourné vers l'URSS pour obtenir le soutien que l'Occident lui refusait, il annonça la nationalisation du canal de Suez pour financer la construction du barrage d'Assouan. Britanniques, Français et Israéliens tentèrent alors une action militaire qui tourna court sous la pression des Américains et des Soviétiques.
Gâce à cet épisode de Suez, il endossa une stature internationale incontestable. Il développa alors le « nasserisme », doctrine qui alliait le panarabisme, exhortant à l'union contre Israël, et un socialisme à l'égyptienne.
Après la défaite de la guerre des Six-Jours, en 1967, il se réfugia dans l'exaltation du sentiment national qui culmina avec l'inauguration du barrage d'Assouan, construit avec l'aide des Soviétiques. Il passa les trois dernières années de sa vie à réexaminer la question israélienne et, en juillet 1970, accepta le plan de paix avec l'Etat hébreu que proposait Washington. Il s'interposa entre Jordaniens et Palestiniens, alors en conflit, mais mourut peu après victime d’une crise cardiaque.
Sa mort fut un choc pour les Egyptiens et le monde arabe restés dans l’ignorance de son état de santé déficient. Près de cinq millions de personnes participèrent à la procession funèbre au Caire le 1er octobre.