En 1115, il fonda l’abbaye de Clairvaux et donna une impulsion décisive à l’ordre cistercien jusque-là atone. Plus que tout, il imposa une stricte discipline et recentra la liturgie sur le dialogue avec Dieu, loin de toute pompe liturgique. En accord avec la sensibilité de son siècle, il développa la dévotion à la Vierge. Rapidement, Clairvaux éclipsa les autres abbayes et devint la référence obligée des Cisterciens, aussi appelés Bernardins, en référence à l'impétueux abbé. En trente-cinq ans, il fonda 69 abbayes qui essaimèrent à leur tour, de sorte que, sur les 345 monastères cisterciens existant à sa mort,, 167 relevaient de Clairvaux, répartis en douze pays.
Charismatique soldat de Dieu, toute sa vie il fit preuve d’une activité inlassable pour instruire ses moines, émouvoir, entraîner les foules, allier son ordre avec la papauté et pour élaborer un dogme militant que son ordre et toute l'Eglise catholique mirent en œuvre.
Doué d’une forte personnalité, attirante, fascinante même, le prestige de sa sainteté, son talent d'orateur et surtout son art de persuasion firent le succès de son entreprise. L’idéal monastique étant pour lui un idéal de combat, de la ruse à l'injure, tous les moyens lui parurent bons pour partir à l'assaut de la société du XIIe siècle et de ses mutations. Figure emblématique d’un esprit de conquête, il faisait autorité dans toute la chrétienté. Par deux fois on lui fit savoir qu'il s'occupait trop de politique, par deux fois il déclara qu'il ne voulait plus sortir de son cloître, mais était aussitôt appelé par le pape, la curie ou les évêques. Il répondait à ceux qui l’appelaient comme avocat des grandes causes de son siècle.
En appuyant la double vocation, religieuse et militaire, de la milice du Temple, il participa activement à la fondation l'ordre du Temple lors du concile de Troyes (1128), et en rédigea les statuts. ll obtint la condamnation pour hérésie d'Abélard, resté célèbre pour son idylle tragique avec Héloïse. Il convainc Louis VII le Jeune de lever une armée pour secourir les Francs de Terre Sainte. Suite à l’échec de cette deuxième croisade (1147-1149) qu’il avait lui-même prêchée, il se retira à Clairvaux et se consacra à l’écriture. Il tenta aussi de lutter contre l'hérésie cathare naissante dans le Midi toulousain, etc.
Après une vie bien remplie entre action et contemplation, Bernard mourut d'épuisement. Il fut canonisé en 1174 et proclamé Docteur de l'Eglise en 1830.
Inhumé devant le saint autel de la Vierge Mère de l’abbatiale de Clairvaux, selon son vœu, on raconte qu'on plaça sur son cœur une petite boîte contenant les reliques du bienheureux apôtre Thaddée, qui lui avaient été envoyées de Jérusalem.