Joseph Mengele, recherché depuis 1945 comme criminel nazi, détient à son actif des monstruosités, commises au nom de la recherche scientifique, qui en font le prototype même du médecin dévoyé acquit aux principes nazis.
Le camp de concentration et d’extermination d’Auschwitz étant l’un des meilleurs viviers humains de l’époque se transforma en un centre expérimental médical sans égal pour qui voulait s’en donner la peine. Mengele, qui y était médecin, ne rechigna pas à l’ouvrage au nom de la Science.
Ses recherches ? Une démarche qui relevait de l’eugénisme : percer le secret humain qui rendrait vraiment pure la race arienne. Pour se faire, il s’intéressa tout particulièrement aux jumeaux qui devinrent ses cobayes de prédilection. Ainsi, le voyait-on aux arrivées des trains sélectionner personnellement ses futures victimes.
A la capitulation allemande, bénéficiant d’une chance insolente, le bon docteur se fondit dans la masse des prisonniers sans être reconnu. Commença alors pour lui une vie d’errance: Rosenheim (de 1945 à 1949), l’Italie et enfin, grâce à la filière Odessa, l’embarquement sur un cargo pour l’Argentine et Buenos Aires. Il se nommait alors Helmut Gregor.
Accueilli par l’élite nazie qui avait pu s’échapper, il mena une vie prospère au milieu de la haute société locale.
Persuadé de son impunité, début 1959, il reprit son véritable nom et se rendit même en Suisse et en Allemagne pour assister aux obsèques de son père !
Comment était-ce possible ? Dix ans après la fin de la guerre, il n’y avait aucun mandat « officiel » lancé contre lui. Pour les Alliés, Mengele était mort. Quant à l’Allemagne, réinvestie de ses prérogatives, elle renâclait à le faire et ne se décida à agir qu’en juillet 1959, lorsque débuta le procès du camp d'Auschwitz où il apparaissait comme l’un des principaux accusés. Entre temps, seul le Mossad, qui avait créé une unité spéciale pour le retrouver, passait l’Amérique du Sud au peigne fin.
Quand en 1960, Adolf Eichmann fut enlevé par le Mossad puis jugé et pendu, il sentit à son tour le nœud se resserrer autour de son cou. Interrogé à son sujet, Eichmann ne dira rien. Mengele avait déjà fui au Paraguay devenu le dernier refuge des nazis et avec qui il n’y avait pas d’extradition possible. Mais, trahi par un de ses amis pour 5000 $ et le Mossad sur ses talons, il s’installa dans une nouvelle colonie au Brésil : Nova Europa. Là, embauché par un couple, les Stammer, il vivait reclus dans une baraque minable près de Sao Paulo se méfiant de son ombre. Entre temps, le Mossad avait dû renoncer à ses recherches.
En 1971, il devint Wolfgang Gerhard, nom d’un de ses amis qui était retourné en Europe. Mengele n’est plus qu’un vieillard seul et effrayé. Il était célèbre. On l’apercevait partout et ne pas réussir à le capturer, malgré 3.400.000 dollars de récompense, nourrissait sa légende. C’est ainsi que son nom devint plus célèbre que ceux de Carl Clauberg (1898-1957) et de Horst Schumann (1906-1983) également médecins à Auschwitz dont, selon le Mossad, les atrocités expérimentales surpassaient les siennes.
En 1985, la police allemande investissait enfin le domicile de son vieil ami Hans Sedlmeier à Günsburg où elle découvrit divers documents prouvant que le contact avec ses proches en Allemagne avait persisté malgré leurs dénégations. Cerise plantée au milieu du gâteau de cette découverte, les documents menaient à sa dernière résidence : le cimetière d’Embu. Sur place, le témoignage des Bossert, la dernière famille ayant recueilli Mengele conduisit les enquêteurs à sa tombe, la sépulture n° 321, d’où il fut exhumé le 6 juin 1985.
En 1979, alors qu’il se baignait en bord de mer à Bertioga, il fut tout simplement foudroyé par une crise cardiaque et se noya. Il avait été enterré sous l’identité de Wolfgang Gerhard, dans un caveau où le vrai Gerhard avait inhumé sa mère en 1961. Sa famille et ses amis avaient tenu sa mort secrète. C’est tout.