Un vieux débat. Déjà à l’époque, on craignait les conséquences du regroupement des pauvres pour l’équilibre social. Il s’agissait d’éviter l’encerclement des quartiers riches par les quartiers pauvres dans des villes où plane toujours le risque des émeutes populaires déclenchées par une vision trop claire de l’injustice.
Ainsi, en 1604, François Miron écrivit-il à Henri IV pour le dissuader de faire construire sur la rive droite de la Seine des immeubles destinés au petit peuple de Paris :
« Cher Syre,
Permettez que je me retire ; en jurant fidélité au roy, j’ai promis soustenir la royauté ; or Votre Majesté me commande un acte pernicieux à la royauté…je refuse ; je le répète à mon cher maître et Souverain bien-aimé : c’est une malheureuse idée de bâtir des quartiers à l’usage exclusif d’artisans et d’ouvriers. Dans une capitale où se trouve le Souverain, il ne faut pas que les petits soient d’un côté et les gros et dodus de l’autre, c’est beaucoup et plus sûrement mélangés ; vos quartiers pôvres deviendraient des citadelles qui bloqueraient vos quartiers riches. Or comme le Louvre est la partye belle, il pourroit se fait que les balles vinssent ricocher sur votre couronne…je ne veulx pas, syre, estre le complice de cette mesure ».
Comme quoi nous n’avons rien inventé !
Victime d’une tentative d’empoisonnement par sa femme, cette dernière fut emprisonnée et notre habile administrateur survécut pour mourir à l’âge de quarante-neuf ans.
Il fut inhumé dans le caveau de famille, où reposait son père, sous le chœur l’église Sainte-Marine (île de la Cité) dont il était marguillier.
Lors des démolitions qui eurent lieu dans la rue d'Arcole on trouva sous la maison portant le n° 73, élevée sur les fondations de cette église, la sépulture de François Miron ; toutefois l'épitaphe était effacée et on ne retrouva aucun insigne de sa charge, pas même ses armoiries, mais les membres de la commission des Beaux-Arts ont déclaré que c'était bien le corps du grand édile parisien et ses restes, enfermés dans un cercueil de plomb, furent descendus dans les caveaux de Notre-Dame toute proche.
Il a sa statue sur la façade de l'Hôtel de Ville pour la finition duquel il consacra une partie de ses ressources.
Sources principales :
Les 200 cimetières du vieux Paris de J. Hillairet
Article de Jacques Barou "Mixité sociale et accès au logement : un couple antagonique ? "