A l’émotion que sa vue suscitait à certains, on aurait pu lui espérer un meilleur sort que celui prévu.
Mais le lundi 14, les visiteurs, rappelés sèchement à l’ordre, laissèrent le « seul roi de qui le peuple ait gardé un souvenir » se faire engloutir dans la fosse commune.
Entre temps, la moustache et, bien pire, la tête avaient disparu. Aujourd’hui, bien que la fameuse moustache coupée par un révolutionnaire fétichiste (ce qui est vrai) ait été mise au feu depuis longtemps, il continue à en exister autant que de cannes de Voltaire ou de mâchoires inférieures de Molière !
Quant à la tête momifiée, elle « réapparut » en 1919 entre les mains d’un antiquaire qui l'adjugea pour 3 francs à un dénommé Bourdais, photographe à Montmartre. L’envie d’identifier cette tête le prit et durant des années, il constitua des faisceaux de concordances avec des descriptions d’époque et des portraits l’amenant à être persuadé qu’il s’agissait de celle d’Henri IV. Parmi les signes distinctifs communs au visage du roi et à la relique on notera, entre autres, la forme du crâne, la cicatrice sur la lèvre et un grain de beauté.
Bourdais laissa un ouvrage agrémenté de photos et croquis comparatifs qui, effectivement, laissent perplexes. Il mourut en 1947 laissant à sa sœur l’héritage de son bric-à-brac et de la tête. A sa mort, dans les années 60, on constata qu’elle avait vendu la tête sans qu’on puisse vraiment identifier l’acheteur et remonter la moindre piste. Depuis, la tête n’avait jamais réapparu jusqu'à l'annonce extraordinaire de décembre 2015.
Et le coeur ? Le 29 septembre 1793, le représentant du peuple Thirion fit brûler sur un petit bûcher le coeur du roi avec celui de Marie de Médicis. Un chirurgien fléchois, profitant du dispersement de la foule, recueillit les cendres qu’il plaça dans un flacon. Le 26 juin 1953, à l’occasion du quatrième centenaire de l’anniversaire d’Henri IV, le flacon fut transporté au château de Pau. Enfin, en 1814 les cendres reprirent le chemin de la chapelle du Prytanée de la Flèche où elle furent déposées dans une niche du bras nord du transept.
Après la mort du roi, un tireur d’horoscope fit remarquer « qu’Henri IV naquit 14 siècles, 14 décades et 14 ans après la Nativité, un 14 décembre et qu’il mourut un 14 mai, après avoir vécu 4 fois 14 ans, 14 semaines et 14 jours. Enfin il y avait 14 lettres dans son nom : Henri de Bourbon ». Dont acte.