Alors, pourquoi ne pas faire appel à Turreau qui combattait en Moselle ? A défaut d’être un grand militaire, l’homme semblait avoir le caractère adéquat à la situation. Peu enthousiaste à l’idée de prendre un commandement qu’on risquait de lui retirer rapidement, Turreau, tout en renâclant, prit la tête de l’armée de la Côte de la Rochelle en juin 1793 qu’il quitta en octobre mais pour mieux revenir en novembre.
Depuis décembre 1793 les lambeaux traqués de l’Armée catholique et royale étaient à bout de souffle. Malgré cela, c’était compter sans l’esprit de vengeance de la Convention qui voulut faire une purge de ceux qui avaient osé se dresser contre elle avec autant de détermination.
Sur place, Turreau dont les propositions de plans d’attaques restaient sans réponse, décida d’obéir aux ordres du Comité à savoir : brûler tout ce qui pouvait servir d’abri aux brigands, confisquer ce qui pouvait les nourrir et surtout les exterminer. Par contre les femmes, enfants et vieillards devaient être traités avec humanité… sauf ceux qui, comme les brigands, étaient pris les armes à la main ou convaincus de les avoir prises. Une nuance qui lui échappa…
Alors, comme un peigne aux dents serrées pour se débarrasser des poux d’une chevelure, Turreau, approuvé par Carnot, inventa les douze sinistres colonnes infernales qui, durant quatre mois (janvier- avril 1794), massacrèrent indifféremment militaires et civils vendéens provoquant un véritable génocide accompagné bien souvent d’atrocités qui dépassent la raison du commun des mortels. Moyennant quoi, le 7 novembre 1793, la Vendée, devenue cimetière national, se vit attribuer le nom de « Vengé ».
Malgré l’excellence de ses résultats, Turreau fut suspendu de ses fonctions le 17 mai 1794. Arrêté le 29 septembre il fut acquitté en décembre pour faute de preuves. Aussi choquant que paraisse ce verdict, il est vrai que la seule pièce à décharge que l’on puisse porter au dossier Turreau est que rien n’est jamais venu attester que lui même se soit rendu coupable des exactions commises par certains de ses subordonnés.