Car si Berthe de Hollande avait eu le bon goût de mourir, Foulques était toujours vivant. Malgré les menaces d’anathème qui pesait sur lui et de voir leurs sujets délier de leur serment de fidélité envers lui, le couple fit la sourde oreille.
Bertrade, qui aurait aimé voir un de ses fils succéder à Philippe Ier, mena la vie dure à l’héritier présomptif du trône, Louis, fils de Berthe de Hollande. Elle eut un rôle indiscutable dans le conflit qui éclata entre le roi et son fils associé au trône depuis 1098. Mais ces intigues furent en pure perte.
A la mort de Philippe Ier, Louis devint roi, sous le nom de Louis VI le Gros. C’en était fini des combats de Bertrade. Désormais, elle voulait vivre en paix et dans le calme en prenant la retraite des grandes pécheresses.
Elle se retira en l’abbaye de Fontevraud. Elle y resta quatre ans, « faisant l'édification de tous par sa piété ». Puis, souhaitant se rapprocher de son frère, Amaury III, comte de Montfort, elle demanda à Louis VI l’autorisation de fonder un prieuré de l’ordre de Fontevraud à Haute-Bruyère. Ce dernier y consentit et décida qu'il prendrait la construction des bâtiments à ses frais. Robert d’Arbrissel, fondateur de Fontevraud, fut aussi consulté et, de même, donna son consentement. Enfin Ive, évêque de Chartres, y consentit à son tour, et les travaux commencèrent. Un an plus tard, en 1114, celle par qui le scandale était arrivé fut nommée mère supérieure, fonction qu’elle occupa jusqu'à sa mort.
Bertrade de Montfort fut inhumée au milieu du choeur de l'église du prieuré. Avant sa destruction en 1794, on pouvait encore voir sa tombe plate de marbre noir sur laquelle était une plaque de cuivre rouge ciselée. L'inscription, à demi effacée, n'a pas été conservée. Parmi les fragments de pierres tombales retrouvés, sauf erreur d’identification, il n’en figure aucun correspondant à la sépulture de Bertrade.