Femme de caractère au sens politique très développé, en mariant sa fille, Marie d’Anjou, à Charles, elle ne doutait pas qu’elle ferait de lui un véritable homme d’Etat. Elle l’avait élevé avec le dévouement énergique d’une mère. Ce qui n’empêcha pas Charles de s’opposer à sa belle-mère lorsqu’elle celle-ci affirmait un point de vue contraire au sien.
« Courage d’homme, coeur de lion », cette définition de Jeanne de Montfort, écrite par Froissart, aurait pu l’être pour Yolande. Il est certain qu’elle confondit les intérêts de la Maison d’Anjou avec ceux du royaume, qu’elle abandonna Jeanne d’Arc et que, n’étant pas une visionnaire, elle s’opposa à Charles là où il avait raison. Mais, contrairement à bien des Grands de cette époque, jamais elle ne trahit la cause française pour sauver ses biens. Malgré leurs divergences, Charles conserva toujours un grand respect pour elle. Il lui devait tant.
Malade depuis un an, Yolande n’assistait plus au conseil. Retirée au château de Tucé-sur-Saumur chez le seigneur de Tracé, elle fit donation de tous ses biens entraînant son plus grand dénuement.
Elle mourut en présence de l’évêque d’Angers témoin de son départ discret. Son fils, le "bon roi René", alors à Marseille n’apprit sa mort que plus tard. Charles VII fut sincèrement peiné. La faucheuse venait d’emporter l’une des dernières grandes féodales, un des personnages cruciaux de la guerre de Cent Ans.
Yolande d’Aragon fut inhumée derrière le grand autel, dans la cinquième travée de la cathédrale Saint-Maurice d’Angers où elle rejoignit son époux dans une modeste sépulture sans aucune figure ni statue.
Il s’agissait d’une grande châsse de bois contre le mur et fermée par une barrière en bois. Seul ornement, une fresque sur le mur représentant un gendarme vêtu d’une cotte avec les armes de Beauveu et tenant en sa main un guidon où étaient peintes les armes de Louis II et de sa femme.
Il ne reste rien de la tombe de Yolande d’Aragon, sauf les peintures murales découvertes en 1980 : deux chevaliers genou à terre sont peint, l'un avec bannière l'autre avec épée, qui encadrent un espace couvert de représentation héraldique de grand format (La croix de Jérusalem, les fleurs de lys d'Anjou sur fond azur entourées d'une bordure de gueule, les fleurs de lys avec lambel des armes Anjou Sicile).
La campagne d’étude qui s’en suivit (1986 -1991) permit de mettre à jour un ensemble de peintures exceptionnelles qui décoraient tout le chœur mais dissimulées sous du badigeon ou derrière des boiseries.