Il s’appliqua à remettre le royaume sur pied et y arriva de façon remarquable. Avisé, peu entreprenant mais politiquement intelligent, il est bien regrettable que certains de ses défauts et l’image de lui abandonnant lâchement Jeanne, aient occulté dans nos mémoires, le fait qu’il fut un grand souverain dont la clairvoyance permit à un pays encore féodal de s’adapter aux mutations de cette époque.
L’impulsion donnée par la Pucelle engendra la reconquête définitive du royaume -traité d’Arras (1435)- reprise de Paris (1436)-, qui trouva sa fin heureuse en 1453 avec la conquête de la Guyenne lors de la bataille de Castillon. La guerre de Cent-Ans se terminait après 116 ans de conflits.
116 ans c’est au moins 6 générations pour cette époque : à quelques années près, comme si aujourd’hui la France mettait enfin un terme à la guerre de 1870 !
300 ans de tension dont 116 ans de guerre, pour résoudre des problèmes de dessous de jupons dus à Aliénor d’Aquitaine !
Depuis 1455, Charles était malade. Ses Jambes, point faible de sa constitution, le faisaient cruellement souffrir. Déjà bien affaibli, le comportement de son fils, le futur Louis XI, le rongeait d’inquiétude. L’angoisse des complots le poussait à se déplacer de château en château. Craignant d’être empoisonné, il n’acceptait de se nourrir que de la main d’un ami sûr, le comte de Foix.
A ce grand état de faiblesse s’ajouta l’extraction d’une dent qui dégénéra en abcès à la gorge. Charles rentra en agonie et expira à la grande satisfaction de son fils. Il se trouvait à Mehun-sur-Yèvre.
Sa dépouille gagna Paris, cette ville où il avait si peu vécu. Un premier service eut lieu à Notre-Dame-des-Champs. Au milieu d’une foule immense le cortège se rendit à la cathédrale Notre-Dame où Thomas de Courcelles, ancien assesseur de Pierre Cauchon, accusateur implacable de Jeanne d’Arc et partisan inconditionnel des Anglais prononça le panégyrique ! La contradiction dont Charles fit si souvent preuve durant sa vie l’accompagnait jusque dans la mort.
La procession se dirigeait vers le cimetière des rois quand, Ô stupeur, les officiers qui portaient la dépouille royale déclenchèrent une « grève » aussi surprise que brutale ! Ils refusaient d’aller plus loin que le lieu dit la « Croix perchée » si on ne leur payait pas immédiatement un supplément de 10 sols par personne ! On imagine l’embarras et les tractations qui s’en suivirent. Ayant obtenu gain de cause, les
« grévistes » reprirent le travail et Charles atteignit enfin la basilique. Peu de monde assista à ses fastueuses funérailles: les grands seigneurs, magistrats et courtisans avaient préféré se diriger à la rencontre de Louis XI et de son sacre…
Charles VII fut inhumé dans la chapelle Saint-Jean-Baptiste où le rejoignit Marie d’Anjou deux ans plus tard. Les gisants, attribués à Michel Colombe, avaient déjà subi des dommages quand, en août 1793, le tombeau et le caveau furent défoncés et pillés.
Quand son cercueil fut ouvert le jeudi 17 octobre 1793, on ne trouva que des restes de couronne et d’un sceptre en argent doré.
Brisés à coup de masse, seuls les bustes des gisants furent récupérés par Alexandre Lenoir qui récupéra les bustes. Après avoir subi une restauration, ils furent confiés aux Archives nationales puis au musée du Louvre avant de retrouver la basilique Saint-Denis à la fin des années 1990, à côté du tombeau de Charles VI et d’Isabeau de Bavière, sur des colonnes se faisant face.