Des traductions, parfois pittoresques, d’auteurs grecs anciens lui valurent sa notoriété.
Mais la Grèce antique devint surtout une source de son inspiration : les mythes antiques remplacèrent les chimères sociales. Sens historique et inquiétude métaphysique furent dorénavant les traits de sa poésie. Tout en forçant l’alexandrin français à se plier à des sonorités barbares, il s’interrogeait gravement sur la signification des mondes anciens.
Dans la préface de son premier recueil, Poèmes antiques (1852), il annonçait la fin du romantisme soulevant une belle polémique. Dix ans plus tard, il publiait les Poésies barbares dans lesquelles, s’appuyant sur des livres religieux, il faisait revivre les civilisations perdues de l’Inde, des Juifs, de l’Egypte et des Germains primitifs.
S’opposant au romantisme - l’exotisme, la description de la nature, de l’antiquité, de l’histoire, des mythes et légendes et des religions orientales - telles étaient les bases des parnassiens dont le Leconte de Lisle est considéré comme le chef de file dès 1866.
Son art exigeant s’imposa aux jeunes poètes et, une petite mais brillante école commença à se grouper autour de lui avec Catulle Mendès, Sully Prudhomme, Heredia, Verlaine, Mallarmé, etc.
Les lendemains de la guerre de 1870 lui apportèrent enfin la consécration. Après s’être essayé au théâtre, il publia en 1884 ses Poèmes tragiques.
Leconte de Lisle chanta l’amour du beau comme seul remède contre le désenchantement de la vie. Convaincu de l’absurdité de toute chose, il considérait l’Histoire que comme un majestueux spectacle.
De son éducation sévère, il avait toujours gardé le pessimisme et la révolte contre un monde et un Dieu mauvais. Se résignant à ne pouvoir pénétrer le secret des choses, il n’admit qu’une passion, celle de la beauté des choses.
Il mourut subitement au hameau de Voisins, près de Louveciennes.
Le 21 juillet, après des obsèques religieuses à Saint-Sulpice, Leconte de Lisle fut inhumé au cimetière du Montparnasse. Une souscription publique fut ouverte afin d'élever un monument, dont l’exécution fut confiée au sculpteur Denys Puech, grand prix de Rome.
En 1977, conformément à un souhait exprimé dans ses poèmes Le Manchy et Si l’aurore, sa dépouille quitta cette tombe pour le cimetière marin de Saint-Paul à la Réunion dont il était l’enfant.