Aux plus jeunes, dont l’adolescence n’a pas été rythmée par Morrison, Janis Joplin, Jimi Hendrix* et autres stars du rock des années 1960-1970, il manquera toujours d’avoir été imprégnés de l’atmosphère d’une époque pour comprendre vraiment ce qu’ils ont apporté à toute une génération et qu’aucun CD ne peut rendre. Cela n’a rien d’original. Trop jeune pour avoir connu la révolution Elvis Presley, si je peux en saisir l’importance, elle ne pourra jamais me faire autant vibrer que ceux qui l’ont vécue, et ainsi de suite.
* Tous trois font partie du triste club des 27, âge où ils décédèrent.
Sex-symbol provocant au comportement volontairement excessif, s’il n’était pas mort brutalement, victime d’une overdose ou de ses excès à 27 ans, le culte qu’on continue à lui vouer s’écrirait autrement.
Mais comme toutes les idoles fauchées en pleine jeunesse au sommet de leur gloire, Morrison bénéficia du choc que provoqua sa disparition auprès de millions de fans qui virent partir violemment une part d’eux-mêmes qu’ils se refusaient à quitter. Effacée l’image d’un Jim bouffi par l’alcool et les drogues peu compatible avec une légende.
Néanmoins, les circonstances mal élucidées de sa mort, annoncée six jours après les faits alors qu’il était déjà sous terre, participèrent pour bonne partie au mythe.
Mort dans un bar et corps transporté discrètement à son domicile, ou mort dans sa baignoire, comme l’a toujours affirmé sa compagne, Pamela Courson ? Cette dernière a emporté la vérité dans la tombe. Faute de mieux, la cause officielle de son décès est due à une simple crise cardiaque laissant libre cours à toutes les spéculations.
N’ayant pu, comme il désirait, être enterré dans un petit village de la région parisienne, Jim Morrison fut inhumé au Père-Lachaise en présence d’une poignée de témoins dont Pamela.
Depuis, sa tombe en a vu de toutes les couleurs… Durant des années, rendez-vous de fans dont le recueillement ne pouvait s’accompagner que de joints et de la bouteille, elle se trouva rapidement couverte de graffitis. Les sépultures de proximité profitèrent aussi largement de leur dévotion. Chacun repartant en y oubliant ses déchets, on ne pouvait pas la rater.
L’administration du cimetière y remédia en la faisant nettoyer. Le buste, qui était sur la stèle en granit, se trouve dorénavant protégé dans les réserves du cimetière parisien de Bagneux. L'épitaphe en grec, toujours présente, signifie : "Tel qu'en lui-même, un démon"...
Des barrières interdisent l’accès direct à la sépulture. Les fans des premiers temps ont vieilli et les comportements hystériques aussi. Il n’empêche que le souvenir perdure faisant de sa tombe l’un des passages incontournables des visiteurs, au même titre que celle d’Edith Piaf ou d’Oscar Wilde.