Deux conflits longs, acharnés, d’envergure mondiale, où le royaume de France se retrouva presque seul sur terre comme sur mer à livrer bataille contre la ligue formée par ses voisins. Deux conflits où la France dut soutenir un immense effort naval face aux deux puissances du genre de l’époque : la Hollande et la Grande-Bretagne.
La guerre de course faisait rage. Aussi dangereuse que lucrative, en 1694, René fut fait prisonnier par les Anglais mais s’échappa. Grâce à son talent et sa pugnacité, il gravit très vite tous les échelons de la hiérarchie militaire navale. Il reçut son brevet de capitaine de frégate en 1697 et navigua comme officier supérieur de la Royale.
Bien qu’il ne soit pas du propos de cet article de détailler ses faits d’armes, on estime à un peu plus de quatre-vingt le nombre de combats et d’abordages auxquels il participa ou qu’il dirigea de 1689 à 1711. Cette année là, après une minutieuse préparation, il signa l’un de ses plus grands exploits : Rio de Janeiro tombait entre ses mains. Le retentissement de l'expédition fut considérable en Europe. A son retour, Louis XIV félicita en personne son marin couvert de gloire.
Son courage, le respect qu'il gagna auprès de ses hommes et ses innombrables victoires contre les Anglais et les Hollandais inscrivent ses campagnes parmi les plus belles de l'histoire navale française.
En 1713, la signature du traité d’Utrecht ramenant la paix, la carrière de l’insaisissable corsaire prit fin. Confiné à terre, il sollicita les ministères pour obtenir des moyens afin de soutenir l’expansion coloniale de la France.
En 1723, le Régent le nomma au conseil d’administration de la Compagnie des Indes. Nommé lieutenant général des armées navales en 1728, trois ans plus tard, il fit sa dernière campagne contre les pirates barbaresques qui attaquaient les navires de commerce français et, sous la menace de ses canons, obtint du Bey de Tunis et du Dey d’Alger la libération de nombreux captifs chrétiens.
Après une ultime préparation de campagne avortée dans le cadre de la guerre de Succession de Pologne, Duguay-Trouin, fatigué et malade se retira définitivement du service. Généreux et désintéressé, rarement homme arrivé à une si haute réputation ne montra si peu d’ostentation. Il mourut à Paris complètement désargenté.
Ses Mémoires, qui témoignent des enjeux de la guerre navale au tournant des 17ème et 18ème siècles, parurent après sa mort. Et comme bon sang de saurait mentir, parmi sa descendance on notera le nom d’un certain…Surcouf.
René Duguay-Trouin fut inhumé en l’église Saint-Roch. En 1913, pour le 240ème anniversaire de sa naissance, une plaque en sa mémoire y fut inaugurée en grande pompe.