« Ombre de Dieu sur la terre », mais aussi habile politique et despote tout puissant, Soliman dirigea fermement l’Etat avec l’aide de ses grands vizirs. Si Dieu lui avait donné le pouvoir, c’était pour qu’il assure la justice et le bien-être de ses sujets.
Bien qu’il ait reculé les limites de l’Empire plus qu’aucun autre sultan ottoman, il est passé dans l’histoire turque davantage comme Le Législateur que comme un guerrier.
Dans cet empire qui régnait sur trois continents, qui comptaient plus de 30 millions d’habitants et brassait presque toutes les races et les religions connue, la noblesse héréditaire n’existait pas : l’administration – remarquablement organisée – était tout entière aux mains des Chrétiens islamisés dont l’élite, parvenue aux honneurs et à la fortune, forma des esclaves dévoués au sultan jusqu’à la mort.
Avec des finances prospères, une économie dirigée et autoritaire, ce fut bien sous le règne de Soliman que l’empire turc atteignit son apogée. Istanbul, la plus grande ville du monde, était le témoin d’un formidable renouveau des arts et des lettres mais aussi des plus sombres intrigues…
Depuis dix ans, Soliman n’avait pas commandé ses troupes ce que les Musulmans lui reprochaient. La guerre contre la Hongrie recommençait. Bien que malade, il se laissa séduire par l’idée d’une écrasante victoire contre les Chrétiens qui effacerait sa défaite à Malte de 1565.
Il quitta Istanbul le 1er mai 1566 pour ne plus la revoir. Alors que le siège de Szeged (Szgetvar), actuelle Hongrie, débutait, il ne vit pas la prise de la forteresse : il était mort dans sa tente. L’évènement fut gardé secret. Pendant quarante-trois jours les opérations continuèrent comme si le sultan les menait.
De retour à Istanbul, la dépouille de Soliman fut embaumée et inhumée dans le tombeau que le grand architecte Sinan avait construit quelques années plus tôt près de la mosquée Süleymaniye.
Selon l’usage, la cérémonie fut très simple. L’histoire n’en a pas gardé le souvenir. La tombe du croyant n’est qu’une demeure provisoire qui contient les restes d’un homme, si puissant a-t-il été.
Le mausolée est de belles proportions sans être monumental. Auprès de lui, ses enfants. Tout autour de son monument et de celui de son épouse, Roxelane, comme une garde silencieuse, reposent des serviteurs de l’Etat sous des cippes funéraires. Certains sont surmontés d’un énorme turban de pierre, insigne des fonctions considérables du défunt.