Des lectures et des rencontres déterminantes lui ouvrirent de nouveaux horizons vers un anarchisme sans concession. Prompt à la bagarre, le verbe haut, il ne trouva plus un emploi dans sa région natale. Avec sa famille à charge, il déménagea à St-Etienne. Tour à tour voleur de volailles, braconnier, faussaire, etc., l’idée lui vint de passer à l’échelle supérieure.
En 1891, il profana la tombe d’une défunte dans l’espoir déçu de lui dérober ses bijoux et se fit cambrioleur. Mais, il alla plus loin. Il tua et vola un ermite réputé pour cacher un gros magot à son domicile. Ravachol avait basculé dans pure la crapulerie sordide. L’affaire défraya la chronique et plongea le milieu anarchiste dans de furieux débats.
Faisant croire à son suicide, pour que la police abandonne les recherches, il se réfugia en Espagne auprès d’un coreligionnaire condamné par contumace à Montbrison. Menacé par la police espagnole, il regagné la France et s’installa à Saint-Denis en juillet 1891 sous le nom de Léon Léger. Entre temps, comme on ne prête qu’aux riches, d’autres crimes lui avaient été imputés et qu’il refusa d’endosser. Ceux qu’il s’apprêtait à commettre, et qui lui valurent sa renommée, allaient bien lui suffire.
Depuis la Commune de Paris de 1871, la répression des Communards se poursuivait. A Fourmies, le 1er mai 1891, lors d’une manifestation, la police avait tiré sur la foule faisant neuf morts dont des femmes et des enfants. Le même jour, à Clichy, trois anarchistes furent arrêtés lors d’un défilé où eurent lieu de graves incidents. Violemment interrogés, puis accusés injustement d’avoir tiré sur les policiers, deux d’entre eux furent condamnés à des peines de prison ferme, évènement qui ébranla les milieux libertaires.
Dans l’esprit de Ravachol, ("ravachol(e)" en wallon, désigne : un homme bagarreur ou un enfant désobéissant), adepte de la « propagande par le fait », l’heure de la vengeance avait sonné.
La victime désignée était le juge Benoît qui avait présidé à la condamnation des camarades de Clichy. Le 11 mars 1892, la marmite explosive fit beaucoup de dégâts et un blessé.
Le 27 mars, rebelote contre le substitut Blot qui avait requis la peine de mort au cours de ce même procès. L’explosa ravagea l’immeuble et fit sept blessés.