Autant de bonnes raisons pour que le clergé lui refusât une sépulture chrétienne. Le curé de Saint-Sulpice interdit l'inhumation dans son cimetière consacré. Ne pouvant obtenir un meilleur accueil dans une autre paroisse et craignant que le corps de son oncle ne soit jeté dans un terrain vague, son neveu, l’abbé Vincent Mignot, commendataire à l’abbaye de Sellières (commune de Romilly-sur-Seine dans l’Aube), décida de braver les foudres de l’évêque de Troyes dont dépendait l'abbaye. Joignant le geste à sa décision, l’abbé récupéra le corps qu’il installa dans un carrosse, comme s’il dormait; la dépouille était assise, poudrée et perruquée, ligotée à sa banquette. A brides abattues, ce singulier attelage galopa vers Sellières. Après une nuit de veillée, les moines inhumèrent Voltaire dans le chœur de l’église abbatiale le 2 juin 1778, se jouant ainsi de l’interdiction de l’évêque qui arriva trop tard. L'église de Sellières ayant été démolie, on rassembla sur son emplacement la pierre placée sur la sépulture en 1778, une colonne et divers fragments sculptés provenant de l'édifice disparu. C'est le « tombeau » de Voltaire.