En 1642, influencée par les idées épicuriennes, affirmant son libertinage et son athéisme, Ninon n’en était pas moins en quête de respectabilité. Elle trouva alors refuge chez une célèbre courtisane de l’époque, Marion Delorme, qui devint son professeur. L’élève se révéla très douée et dépassa toutes les espérances de Marion qui en ressentait un peu de jalousie. Le relais de la galanterie intelligente était assuré.
On ne saurait faire la liste exhaustive et impressionnante de ses amants tant en nombre qu’en qualité et qu’elle s’amusait à classer par catégorie : on trouvait « les payeurs » qui l’entretenaient sans pour autant toujours profiter de ses faveurs, « les favoris » et les amoureux transis qu’elle nommait les « martyrs », etc., et cela dura jusqu'à un âge avancé.
Défrayant la chronique, ses liaisons en firent sans doute la plus étonnante courtisane de notre histoire.
Elle ouvrit son salon en 1667 où, lors de ses célèbres cinq à neuf quotidiens, se bousculaient les plus grands noms de son temps, les hommes mais aussi les femmes. Haïssant la pédanterie et la vulgarité, tout ce beau monde, trié sur le volet, se devait d’être des modèles de décences dans les propos.
Cultivée et indépendante, reine des salons parisiens, femme d'esprit et de cœur, symbole de la femme libre et indépendante représentative de l'évolution des mœurs des 17ème et 18ème siècles français, Ninon, au jugement réputé, se vit demander conseil autant par Molière que par Louis XIV.
Toute sa vie, elle maintint une authentique réflexion libertine et, sur le tard, se tourna vers une spiritualité dépourvue de toute entrave.
Toujours entourée de soupirants, bien qu’elle soit affligée par la vieillesse et qu’elle renonçât aux plaisirs d’un corps qui dépérissait, elle s’accorda encore quelques légères transgressions.
Les rangs de ses amis d’antan s’étaient clairsemés. Ninon écrivait et méditait réduisant son cercle à quelques familiers.
Quelques mois avant son décès, elle se fit présenter le futur Voltaire, alors âgé d'environ 13 ans et auquel elle légua une somme rondelette pour qu'il puisse s'acheter des livres. Angoisse d’une mort prochaine ? Elle revint vers la religion de ses pères. Deux jours avant de tomber malade elle se confessa. Cinq jours plus tard, elle rejoignait son Créateur. Elle laissa surtout une œuvre épistolaire conséquente.
Ninon de Lenclos fut inhumée dans l’église Saint-Paul-des-Champs et non dans le cimetière. Ce choix , dont elle s'était préoccupée, était une preuve supplémentaire de sa réussite dans le monde : salonnière respectée, elle était morte riche, confessée et bien enterrée. Sa mémoire allait traverser les siècles.