Beau, prodigieusement doué intellectuellement et manuellement, son ascension sociale le mena à fréquenter Mesdames, filles de Louis XV, à faire fortune et s’acheter un titre de noblesse. Mais certains se souviendront toujours qu’il n’était que le fils d’un horloger et Beaumarchais souffrit toute sa vie de cette « disconvenance sociale ». Alors que, homme d’affaires, par son négoce il appartenait à cette classe qui participait à la prospérité du pays, il souffrit, là encore, de ne pas être reconnu à sa juste valeur.
En revanche, sa carrière d’écrivain commençait à être prometteuse grâce à un drame joué à la Comédie française : Eugénie (1767).
Puis s’enchainèrent les vrais drames de la vie : la mort de sa femme, de deux fils (il aura par la suite d'autres enfants) et du financier dont il était le protégé. Années de procès et de disgrâce avant de regagner les faveurs du pouvoir avec le tout nouveau règne de Louis XVI. Grâce à Beaumarchais la France put venir au secours des Insurgents d’Amérique en livrant des navires de ravitaillement et d’armes quand ils n’étaient pas coulés par les Anglais.
En 1775, il livra la première partie d’une trilogie qui allait lui assurer un triomphe et de passer à la
postérité : Le Barbier de Séville ou la Précaution inutile. Le second volet, La folle journée ou le mariage de Figaro, était terminé en 1778. Mais, la critique sociale y étant trop hardie et le roi l’estimant trop dangereuse, la pièce ne fut représentée qu’en 1784 amenant à son auteur un second triomphe.
Comme d’autres de ses contemporains, Beaumarchais se fit surprendre par la Révolution à laquelle il se rallia bien que sa richesse peu discrète, le fasse suspecter. Il se défendit et, en 1792, livra, sans trop de succès, le dernier volet de sa trilogie, L'Autre Tartuffe ou la Mère coupable dont la reprise, en 1797 fut en revanche magnifique.
Toujours soucieux d’aider son pays, il s’efforça de fournir les armes qui manquaient à la jeune République en les achetant en Hollande. Moins chanceux qu’autrefois, il se trouva pris dans un véritable imbroglio politico-financier qui le mena presque à la ruine et le rendit de nouveau suspect. Emprisonné à l’Abbaye en 1792, il échappa de peu aux massacres de Septembre, réussit à s’enfuir, revint pour se disculper, requitta la France pour se réfugier en Allemagne où il connut la misère et un exil pénible.
A son retour en 1795, c’était un homme oublié, âgé et atteint de surdité. Il passa les quatre années qui lui restaient à vivre à écrire et à refaire un peu de sa fortune.
On lui doit aussi de savoureuses Mémoires dans lesquelles il décrit ses nombreuses démêlées judiciaires.
Souvent confondu avec Figaro, son personnage le plus populaire, comme lui il était vaniteux, aimait l’argent et l’intrigue. Mais il fut aussi un homme généreux, un ami sûr, un frère et un père dévoués et aimant, même si libertin. Il défendit les femmes, dont la condition lui semblait humiliante. Il dénonça ses fameuses « disconvenances sociales » dont il s’estima victime. C’est sans doute la conscience de toutes ces injustices qui donna un sens à sa vie et l’unité de son œuvre. Il reste encore beaucoup à découvrir sur cette figure emblématique du siècle des Lumières.
Beaumarchais mourut paisiblement d’une attaque d’apoplexie dans son sommeil.
Avide de jouir de l’aisance, en 1787, il s’était fait construire une somptueuse folie sur un boulevard arboré qu’on appelait « le Cours ». Depuis 1831, cet ancien boulevard-promenade porte le nom de son célèbre résident.
En présence de son fidèle Godin de La Brenellerie et du dramaturge Collin d’Harville, Beaumarchais fut inhumé dans les jardins de sa propriété qui, de nos jours, se situerait du 2 au 20 bd Beaumarchais.