Elevé à la cour de Ferdinand Ier, et plus particlulièrement dans la maison de son fils aîné Sanche, quand ce dernier décida de rentrer en guerre contre sa fratrie, Rodrigo resta aux côtés de son ami. Grâce à l’aide de Rodrigo, Sanche caracolait de victoire en victoire quand il fut assassiné. Dès l’annonce de la mort de Sanche, Alphonse, son frère, se rua à Zamora, réclama ses domaines et devint Alphonse VI. Bien qu’ayant été son adversaire, Alphonse connaissant la valeur guerrière de Rodrigo, savait qu’il avait d’autant besoin d’un chef tel que lui, qu’il était aimé des Castillans. Pour sceller son alliance, Alphonse confirma Rodrigo dans son poste de Commandant des armées et lui offrit en mariage sa nièce (cousine?), Chimène.
Cependant, derrière ses apparences, Alphonse se méfiait de son allié. Trouvant un prétexte fallacieux , Alphonse bannit Rodrigo de son royaume qui, se trouvant sans ressources et sans protection avec ses hommes, se transforma en mercenaire, offrant ses services autant aux princes chrétiens qu’aux mulsulmans dont Abul-Kasim Motamid III, roi Maure de Séville qu’il servit une dizaine d’années. C’est durant ces années que les Arabes lui attribuèrent le surnom du Cid (Sidi = mon seigneur, prononcé Cid par les Espagnols qui finirent par l’appeler Campeador = le champion).
De son côté, Alphonse VI après une terrible défaite face aux Almoravides en 1086, réalisa que sans le Cid il n’arriverait à rien. Il le rappela d’exil. Cette fois, Rodrigo avait ses plans. Après un bref passage auprès d’Alphonse, il retourna à Saragosse laissant les deux armées se débrouiller sans lui avec, en arrière pensée, l’idée que cela lui faciliterait l’opportunité de gouverner Valence qu’Alphonse VI avait sous son contrôle chancelant. La ville fut l’enjeu de plusieurs conflits, jusqu’en 1094 où elle se rendit.
En principe, le Cid Campeador était supposé l’administrer au nom d’Alphonse VI mais, de facto, il la gouverna comme un souverain jusqu’à sa mort. Jamais vaincu, une fois blessé, il mourut tranquillement dans son lit.
Sa femme, Chimène, tiendra Valence face aux Almoravides avec ses faibles forces. Puis, en 1102, elle évacua la cité avec sa petite armée emportant avec elle la dépouille du Cid Campeador qu’elle fit inhumer dans la province natale du héros légendaire avant de l’y rejoindre.
Sa réputation d’invincibilité était telle que la légende raconte que juste après sa mort, lors d’une bataille, on attacha sa dépouille sur un cheval qu’on lança dans la mêlée. Les ennemis eurent si peur du cavalier invincible qu’ils se ruèrent dans leurs bateaux. Même mort, Le Cid avait encore gagné la bataille !