Se souvenant d’un coffre rempli d’espèces sonnantes et trébuchantes dans une salle du Collège de Navarre où il avait étudié, François indiqua l’endroit à ses nouveaux amis qui réussirent à mettre main basse sur cette manne convoitée. Mais l’enquête remonta jusqu’à lui. Arrêté il fut enfermé au Châtelet en 1462.
En janvier 1463, pour une rixe sans gravité, un arrêt du Parlement commua sa condamnation à la pendaison en un bannissement de Paris pour dix ans.
François Villon disparut alors pour toujours. Quand, comment et où est-il mort, personne ne sait. Un document permettra-t-il un jour de lever cette énigme et celle de sa tombe ?
Dans le même temps, à Mayence un dénommé Gutenberg révolutionnait l'imprimerie. Ah ! Si François avait pu profiter de l'invention du génial imprimeur ! Elle arriva trop tard en France pour qu’il puisse faire imprimer ses poèmes et se faire connaître. Un rendez-vous raté pour notre poète car dès qu’elle fut imprimée et distribuée sa poésie connut un grand succès.
Clément Marot, poète reconnu, en fit la critique, ce qui pour l’époque était un signe manifeste de l’importance de l’œuvre de Villon.
Certes on retrouve dans son œuvre incomparable le lyrisme du Moyen-âge mais il possède la virtuosité du vers, la vivacité du trait et de la caricature qui le rendent fidèle aux jeux de jongleurs, à la satire et à la farce.
A sa façon, il met en scène les souffrances et les plaisirs du corps, de l’esprit et du monde de son époque. Le Lais et le Testament, de véritables chefs-d’œuvre, n’en font pas oublier ses Ballades, sources d’inspiration pour tant de générations de poètes comme les Romantiques qui en firent le premier des poètes maudits.
A défaut de sépulture connue, ne nous a-t-il pas transmis sa Ballade des pendus, considérée parfois comme son "épitaphe", en un temps où le gibet de Montfaucon lui était promis, comme si sa fin physique devait, comme sa vie, se perdre dans la nébulosité des siècles nous laissant l’essentiel et le plus beau : l’héritage de sa pensée au travers de son œuvre et du temps, héritage qui, lui, est bien vivant.
« Frères humains qui après nous vivez,
N’ayez les cœurs contre nous endurcis,
Car, se pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tôt de vous mercis… ».
A relire sans modération.