Le sang coula, mais aussi beaucoup d’encre sur cette affaire criminelle alimentée par les rumeurs, jamais éclaircie, dont le dossier du procès a disparu, qui ne comportait qu’un seul cadavre officiel mais qui en cachait probablement beaucoup d’autres.
Le couple Martin, aubergistes à Peyrebeille, et leur valet mulâtre Rochette furent accusés d’avoir trucidé, détroussé et brûlé fort tranquillement pendant vingt-six ans un nombre conséquent de voyageurs qui avaient eu la funeste idée de faire halte dans cet établissement complètement isolé de la campagne ardéchoise.
Malgré le soin qu’ils apportaient à n’attaquer que des voyageurs étrangers à la région, leur soudaine disparition finit par attirer l’attention sans pour autant que la moindre plainte ait été déposée. Et puis il y a leur richesse que les revenus de l’auberge ne justifiaient pas. Déjà, depuis les années 1820, les rumeurs couraient bon train.
Le trio infernal finit par commettre l’erreur qui le mena tout droit à l’échafaud.
Le 12 octobre 1831, le dénommé Anjolras se rendit chez les Martin et n’en ressortit pas vivant. Seulement cette fois, un mendiant, caché dans le foin de la grange, avait assisté à la fin d’Anjolras et un second témoin avait croisé Martin et Rochette portant sur un mulet un curieux bagage.Deux jours plus tard le cadavre d’Anjolras était découvert. Le glas de la justice allait sonner. Leur procès eut lieu à Privas où ils restèrent emprisonnés tous les trois jusqu’à leur exécution.
Le 1er octobre 1833, extraits de leur geôle, ils reprirent le chemin vers le lieu de leurs exploits car leur exécution était prévue devant l’auberge où une foule considérable les attendait déjà. La femme Martin fut exécutée la première après avoir refusé d’embrasser le crucifix à l'inverse de son époux qui fit preuve de sentiments religieux. Tous trois furent inhumés dans le cimetière de Larnace où leur tombe a disparu.
Dans la nuit du 2 au 3 octobre, les trois têtes furent volées avec l’aide du fossoyeur qui devait les porter à…on ne sut jamais qui.
Bien des années plus tard, elles réapparurent au musée Crozatier du Puy-en-Velay qui détient aussi les masques mortuaires.