Puis vinrent des œuvres moins engagées, tout du moins acceptables par la censure mais le retour du succès commercial ne se fit plus qu’avec quelques films dont la géniale Traversée de Paris (1956) malgré la qualité d’autres tel que Journal du femme en blanc (1965) abordant le débat alors crucial sur l'ambition professionnelle féminine, la contraception et le droit à l'avortement.
Son adaptation du roman de Stendhal, Le Rouge et le Noir, en 1954, lui valut, François Truffaut en tête, le déchaînement des tenants de la Nouvelle Vague, qui lui reprochaient d'incarner un cinéma dépassé. Il tourna encore une quinzaine de films avant de cesser ses activités de réalisateur dans les années 1970, plein d’amertume sur le genre humain en général et le monde du cinéma en particulier.
Il aimait dire: « Un film qui n'est pas méchant est ennuyeux. Si un film n'a pas de venin, il ne vaut rien ». Un film, mais l’homme ?
En 1989, élu au Parlement européen sur la liste du Front national, après une première polémique, il tint des propos négationnistes et antisémites tellement injurieux sur la survie des camps de concentration de Simone Veil qu’il fut condamné pour « injures raciales, diffamation raciale et incitation à la haine raciale ».
Contraint de démissionner de son mandat de député européen, les membres de l'Académie des beaux-arts, lui demandèrent aussi de ne plus siéger parmi eux.
En 2003, le cinéaste Francis Girod, qui l’avait remplacé à sa mort, prononça son éloge dont voici un extrait :
« Je succède aujourd’hui à Claude Autant-Lara, remarquable réalisateur de cinéma, qui n’a jamais hésité à proclamer haut et fort ce qu’il pensait. Il aimait à se définir comme « le poivre sur la plaie, l’huile sur le feu, le feu aux poudres ». Ce serait donc une forme d’irrespect à sa mémoire que de pratiquer la langue de bois à son égard. Alors parlons tout de suite, et sans complaisance, de ce qui fâche et qui avait tant peiné ses confrères de l’Institut sur la fin de sa vie. Une amertume incommensurable l’a irrésistiblement conduit à une sorte de rage, aux relents antisémites, à une paranoïa qui l’a aliéné, lui dont la liberté de penser était la source même de son œuvre. Ses « Mémoires » écrites sur la fin de sa vie, constituent un document passionnant sur la création artistique du siècle dernier, car il a côtoyé les plus grands talents de son temps, mais hélas, les souvenirs sont gâchés par des délires contradictoires, des bouffées de sénilité. On dirait alors qu’il court après Céline, ce qu’il y a de pire chez Céline. On souffre de voir Claude Autant-Lara se présenter en victime d’un complot mondial ourdi par ce qu’il appelle « le triple pool », reprenant à son compte la formule favorite de Galtier-Boissière, le créateur du Crapouillot, pour dénoncer la toute puissance des financiers juifs, protestants et catholiques. Ces jérémiades agressives sont indignes de lui. Les errements de la fin de vie de Claude Autant-Lara entachent l’image de l’artiste et masquent la force d’une œuvre qui a réjoui ma jeunesse et fortifié mon mauvais esprit du temps où, jeune cinéphile, j’étais un pilier des cinémathèques et des cinémas de Belgique et de France… ».
Claude Autant-Lara fut inhumé le 9 février 2000 au cimetière Montmartre et n'eut donc pas, comme il se peut se lire de façon fantaisiste, ses cendres déposées dans la tombe de son chien à Cagnes-sur-Mer !