Tous deux fils d’un menuisier de la ville d’Eu, les frères Anguier ne connurent pas la même notoriété malgré leur communauté de vie.
François Anguier (v. 1604 – 8 août 1669)
Après son apprentissage chez un sculpteur sur bois d'Abbeville, François s’installa à Paris où il entra dans l'atelier de Simon Guillain qu’il assista pour la décoration du couvent des Carmes Déchaussés.
Situé en l’église Saint-Jean-de-Latran, ce qui restait du tombeau de Jacques de Souvré se trouve de nos jours au Musée du Louvre. Photo ?
Au moins deux raisons expliquent qu’il ne bénéficia pas de la même réputation que frère cadet :
- d’une part, les profanations révolutionnaires, qui s’abattirent sur les églises en général et les monuments funéraires en particulier, firent disparaître, mutilèrent ou dispersèrent une grande partie de son œuvre,
- d’autre part, le fait qu’il ait refusé de rejoindre l’Académie royale de Peinture et de Sculpture le priva de nombreuses commandes officielles et d’une œuvre plus abondante.
Michel Anguier (1612/1614 – 11 juillet 1686)
Après dix années passées à Rome (1641 – 1651), où il travailla pour plusieurs palais de cardinaux et églises, il collabora avec François au tombeau d’Henri II de Montmorency.
Plus habile et plus souple que François, Michel intégra l’Académie royale de peinture et sculpture (1668) dont il devint le directeur en 1671.
Arc de la Porte Saint-Denis © Coyau
Médaillon et décoration stuquée (Louvre) © Marie-Lan Nguyen
Amphitrite (bosquet des Dômes de Versailles). http://versailles.sculpturederue.fr/page18aa.html
Nativité dite du Val-de-Grâce, de nos jours en l'église Saint-Roch
© MCP
Maillons importants dans l’évolution de la statuaire classique flirtant avec le baroque qui caractérisa l’art français du milieu du 17ème siècle, toute leur vie les frères Anguier vécurent profondément unis par une mutuelle affection et un amour partagé de leur art. Cette union se poursuivit jusque dans la mort.
François Anguier fut inhumé en l’église Saint-Roch. Dix-sept plus tard, Michel y partagea la même tombe en marbre blanc placée dans la nef. Leur épitaphe commune put être recopiée avant la disparition de leur sépulture.
Les restes de François et Michel se trouvent peut-être dans l’ossuaire de l’église.
© MCP
Epitaphe de François et Michel Anguier (Epitaphier du vieux Paris. - Tome XI) © MCP
16 août 2013
ANGUIER François et Michel
Doté d’un talent varié, à la fois dans les matériaux employés et dans les sujets traités, il a su s’illustrer dans toutes les formes de la sculpture classique.
Parmi toutes ses œuvres, dont on ne saurait ici faire la liste exhaustive, on peut citer : stucs d’ornement des appartements d’Anne d’Autriche au Louvre, statues et fronton à Vaux-le-Vicomte à la demande de Fouquet ; Nativité et Descente de Croix au Val-de-Grâce et diverses décorations dans les églises de La Merci, Saint-Eustache, Saint-Denis de la Chartre, etc. ; sa prise en charge la totalité de la décoration de la Porte Saint Denis à Paris, pour laquelle, d’après les dessins de Le Brun, il exécuta le Passage du Rhin par Louis XIV, la Prise de Maastricht, la Hollande, des lions, des trophées d'armes monumentaux ; plusieurs statues pour les jardins du château de Versailles, etc.
L’Amphitrite du bosquet des Dômes à Versailles et sa Nativité du Val-de-Grâce (de nos jours en l’église Saint-Roch) se disputent la suprématie du titre de chef-d’œuvre.
Il se rendit ensuite en Angleterre où son travail lui permit de financer un voyage en Italie (v. 1641) accompagné de Michel. Alors que ce dernier restait en Italie, au bout de deux ans François revint à Paris où il œuvra pour le Louvre.
Sollicité, dès son retour en France, par de nombreuses commandes, il se consacra principalement à la sculpture funéraire, perpétuant ainsi la vocation des sculpteurs français en développant un style baroque à même d’être reçu par l’esprit français
En 1651, avec Michel de retour en France, à la demande de l’épouse du défunt exécuté, il réalisa à Moulins le monument d’Henri II de Montmorency.
On lui doit aussi les tombeaux de personnalités illustres telles que Jacques-Auguste de Thou ; Henri Chabot, duc de Rohan ; des ducs Henri Ier et Henri II de Longueville, Jacques de Souvré ou encore le cardinal de Bérulle.
TOMBES ET SEPULTURES DANS LES CIMETIERES ET AUTRES LIEUX
Dernière mise à jour
au 22 juin 2021
TOMBES SÉPULTURES DANS LES CIMETIÈRES ET AUTRES LIEUX
par Marie-Christine Pénin
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