En 1882, il avait épousé Renée Delmas de Pont-Jest (1858-1902) qui lui donna quatre fils -deux étant morts en bas-âge-, Jean et Sacha Guitry tous deux nés à Saint-Pétersbourg.
Apprécié du tsar Alexandre III, qui aimait son jeu réaliste, Lucien fréquentait alors l’élite intellectuelle pétersbourgeoise.
Coureur de jupons invétéré, à force de pratiquer la promotion canapé, la femme de ce « Divan le
terrible », comme on le surnommait, finit par divorcer (1889). Brinquebalé entre ses parents, la brouille entre Sacha et son père dura treize ans. Croirait-on à une rancune du fils ? Pas tout à fait…Dans sa collection de maîtresses, qui comprenait Sarah Bernhardt, on comptait aussi l’actrice Charlotte Lysès que Sacha épousa ! Après un passage au théâtre de la Porte Saint-Martin, aux Variétés et à la Comédie-Française, il devint directeur du théâtre de la Renaissance (de 1902 à 1909). En tant que tel, il ne pardonnait pas à son fils une entrée manquée dans une pièce.
Mais à partir de 1918, les tensions s’apaisèrent et tous deux entamèrent une série de collaborations à succès etLucien joua dans plusieurs pièces de Sacha.
A la fin de sa carrière, il donna des interprétations très personnelles du Misanthrope (1922), de Tartuffe (1923) et de L’École des femmes (1924).
Personnalité reconnue, habitué des tournées triomphales, comme tout le monde à son époque Sacha le considérait comme le meilleur des acteurs. Il raconta sa vie dans un livre, Lucien Guitry raconté par son fils, puis dans une pièce Le Comédien portée à l’écran sous le même nom.
Ils avaient encore bien des projets en commun quand Lucien tomba malade et mourut laissant son fils fou de chagrin et en plein désarroi.
Des centaines de parisiens suivirent ses obsèques et les trois chars mortuaires remplis de fleurs jusqu’au cimetière de Montmartre. Peu avant de disparaître, il avait demandé à son fils d’écrire une pièce sur Mozart. Il le fit et signa un nouveau succès.
Après son enterrement, Sacha fit en sorte que son frère Jean, décédé, puisse rejoindre la tombe paternelle qui sera aussi la sienne.