Par pitié ! Exit les descriptions frisant le misérabilisme de certains auteurs. Wolfgang Amadeus Mozart eut des funérailles tout à fait conformes à celles de l’époque en vigueur à Vienne. Il ne neigeait pas, le temps était même plutôt doux pour la saison.
Malgré tout, pour en comprendre l’austérité, il est nécessaire de rappeler les conditions imposées aux inhumations viennoises au moment de sa mort.
Afin de remédier aux dépenses somptuaires qui nécessitaient parfois toute une vie d’économie pour se faire enterrer correctement à Vienne sous le règne de Marie-Thérèse d’Autriche, son fils et successeur, Joseph II, promulgua des lois sévères obligeant à des funérailles plus ordinaires. Pour économiser de l’espace dans ces cimetières surpeuplés, il était interdit d’élever des stèles funéraires, sauf pour les nobles qui étaient autorisés à accrocher des tablettes sur les murs du cimetière.
Pour le quidam ordinaire, les inscriptions étant inexistantes ou précaires. Avec le temps, l’emplacement d’une tombe pouvait s’oublier et ce, d’autant plus facilement que lorsque plusieurs corps arrivaient en même temps au cimetière, ils pouvaient être inhumés ensemble. C’est ce qu’on appelait des tombes communautaires que l’on confond souvent avec notre notion de fosses communes. Toujours pour lutter contre l’encombrement des lieux, ces fosses étaient vidées tous les sept ou huit ans.
Concernant les enterrements, comme au cimetière St-Marx situé à environ six kilomètres de Vienne, le défunt était rarement accompagné jusqu’à sa dernière demeure ; non pas à cause de la distance mais tout simplement parce que l’inhumation ne se faisait pas dès son arrivée au cimetière mais le lendemain. En effet, un état cataleptique du présumé défunt étant possible, celui-ci était conservé une nuit, cercueil ouvert, dans une chapelle. Bref, excepté les fossoyeurs, les témoins se faisaient rares.
Enfin, la simplicité demandée par Joseph II n’empêchait pas plusieurs classes d’enterrements dont la différence se remarquait à l’église, ce qui par ailleurs existait aussi en France. Grosso modo la dépense dépendait du nombre d’enfants de chœur, de bougies, etc. En l’occurrence, à Vienne la première classe était réservée aux nobles et la grande majorité des Viennois ne s’autorisait que les enterrements de troisième classe.
Wolfgang Amadeus Mozart eut un enterrement de troisième classe, ni plus, et surtout ni moins !
Les seuls témoins de son inhumation furent donc les croque-morts comme pour la plupart de la population viennoise.