Parfaite illustration du soldat obéissant aux ordres quelles qu’en soient les conséquences, les victoires de la « guerre éclair » et la défaite de la France lui donnèrent l’illusion d’être un vrai chef de guerre alors qu’il n’avait l’envergure que d’un maréchal des logis. Passé enfin au premier rang lors de la capitation de la France à Rethondes, son arrogance naturelle n’en fut que renforcée.
Déjà chargé d’organiser le nettoyage des premiers territoires occupés de l’est des résistants et des juifs, instigateur du décret « Nacht un Nebel », lorsqu’Hitler décida de l’opération Barbarossa en Russie, malgré ses réserves, Keitel obéit et commença sa guerre n’anéantissement en exemptant de peines les pilleurs, violeurs et tueurs. La campagne de Russie ? Une vraie barbarie à l’arrière du front où, en secret, des services commandés perpétraient les crimes les plus abjectes qu’il signa mais auxquels il n’assista jamais personnellement.
Mais les Russes résistèrent au-delà de l’imaginable. Alors, comme son maître, le fidèle laquais d’Hitler ordonna de continuer à tenir Stalingrad quel qu’en soit le prix avec la fourniture d’un nouveau matériel humain dont il se fichait éperdument.
Alors que s’ouvrait un deuxième front en juin 1944 avec le débarquement des Alliés, bien que conscient de la défaite, il ordonna de tenir encore et encore.
Toujours complètement à côté des réalités, avec Alfred Jodl, il se chargea d’organiser la bataille de Berlin avant de faire au Führer son ultime rapport désespéré.
Le 8 mai 1945, inconscient de son simple rôle de figuration, affichant sa morgue et son bâton de maréchal, il se présenta aux autorités soviétiques qui le firent sciemment attendre pour signer la capitulation de l’Allemagne qui eut lieu en fait le 9 mai à 0h 30.
Au procès de Nuremberg, après avoir plaidé non coupable, il reconnut son « erreur » : il était clair qu’on avait exploité sa fidélité !
Condamné à mort par pendaison, il n’obtint pas d’être fusillé comme un soldat et n'eut pas de tombe.
16 octobre 1946, 1h 36 : « J’ai aimé mon peuple allemand et ma patrie d’un cœur chaud. J’ai fait mon devoir selon les lois de mon peuple et suis désolé que mon peuple ait été dirigé par des hommes qui n’étaient pas des soldats et que des crimes aient été commis dont je n’avais pas connaissance. Allemagne, bonne chance ».
A 2h 05 du matin, cet irréductible nazi lança à l’assistance « Longue vie, Allemagne éternelle » et fut pendu.
Comme celles des autres exécutés, sa dépouille fut menée en secret jusqu’au crématorium du cimetière de l’Est (Ostfriedhof) de Munich et ses cendres dispersées dans l’Isar.