Les inhumations
Comment retrouver le nombre et l’identité des morts dans le camp et leur lieu d’inhumation ?
Pour relever ce défi, le plus difficile depuis la création du site, il fallait trouver des sources fiables dont au moins une qui pourrait mener à des pistes sérieuses. Après des débuts de recherche laborieux, une publication de la docteure en science politique Johanna Lehr m’apporta des informations importantes, mais pas les noms jamais publiés.
Finalement, après un important travail de croisement de quatre sources : registres de l’IML (Institut médico-légal aux archives de la préfecture de police, les registres des cimetières parisiens en ligne et un site de Yad Vashem, le remarquable travail de Johanna Lehr, et malgré des envies récurrentes de jeter l’éponge, j’ai pu reconstituer cette liste et les lieux d’inhumation. Toutefois, je ne peux exclure d’éventuelles lacunes.
Il est aussi à noter que des internés moururent dans les hôpitaux Rothschild et Tenon des suites d’œdèmes dus à la faim, de la tuberculose, etc. Ne pouvant me rendre dans les archives compétentes, je n’ai pu établir ce recensement.
Après le croisement des quatre sources consultées, je suis arrivée au même chiffre que Johanna Lehr, soit 132 personnes. D'après les calculs de cette dernière, si l’on comptabilise les décès dans les hôpitaux et ceux des personnes mortes à leur domicile peu après leur retour le chiffre s’élève à environ 260 personnes.
-La plus jeune des filles était une enfant mort-née
-La femme la plus âgée : Katarina Bruck-Ova, 91 ans. Inhumée à Thiais, sa tombe a disparu
-Le plus jeune des garçons : Louis Rosenblum, 3 ans, enfant de la rafle du Vel d’Hiv qui arriva à Drancy en provenance de Beaune avec sa sœur avec laquelle il devait être déporté, mais il mourut d’une complication de la coqueluche. Inhumé à Thiais, sa tombe a disparu.
-Le plus âgé des hommes : Zelmann Lewenszpil, 85 ans, mort d’une péritonite. Inhumé à Thiais.
La moyenne d’âge des victimes était de 65 ans.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les défunts ne furent pas inhumés à Drancy, ni dans le plus grand secret. Bien au contraire. Malgré les différentes époques du camp, ils firent tous l’objet d’une prise en charge administrative, judiciaire et funéraire française systématique dont la normalité peut beaucoup surprendre en pleine persécution. Un paradoxe qui mérite un éclairage. Le remarquable travail de Johanna Lehr, notamment pour la procédure d’inhumation et des exemples inhérents, permet de comprendre aisément le processus. J’ai donc repris les textes suivants dans leur intégralité :
« Les très difficiles conditions de vie du camp eurent un impact évident sur la mortalité.
La faim fut un vecteur important des décès au point que, profitant de l’absence de Dannecker, le médecin auxiliaire de la préfecture de police ordonna une vague de libération stoppée en novembre 1941. Parmi les libérés certains moururent chez eux quelques jours plus tard. Ce fut, par exemple, le cas de :