Certes, il était un artiste reconnu et s’était vu confier la décoration de palais ou de bâtiments officiels (salon de la Paix de l’Hôtel de Ville, galerie d’Apollon au Louvre, etc.). Mais tant que la demande des collectionneurs restait minoritaire, sa carrière dépendait du mécénat officiel le contraignant à une vie de façade mondaine cachant l’homme sans espérance et secret qui ne parvenait à délivrer ses tourments et ses désirs que dans la peinture.
Il ne triompha vraiment qu’en 1855 à l’Exposition Universelle et ne fut élu à l’Institut de France qu’en 1857 après sept candidatures infructueuses. Consécration assombrie par l’Académie qui lui refusa le poste de professeur aux Beaux-Arts qu’il ambitionnait.
Rejetant la froideur du classicisme très éloigné de sa conception de la beauté, inspiré par la passion et l’imagination, la couleur lui servit essentiellement à véhiculer une atmosphère lui attribuant ainsi une toute nouvelle signification qui le désigna comme un précurseur capital de l’impressionnisme.
Son œuvre féconde (plus de 800 tableaux et peintures murales, plus de 600 dessins et plus de 100 lithographies et gravures), son talent de peintre historique et même de portraitiste, en font l’un des plus grands peintres du 19ème siècle et le symbole le plus éclatant de la peinture romantique.
Lorsqu’il mourut d'une longue maladie qui lui rongeait la gorge, si le milieu académique lui demeurait encore hostile, les jeunes peintres reconnurent en lui le vrai maître de son temps, et un génie authentique.
Le 17 août, après ses obsèques en l’église St-Germain-des-Prés, Eugène Delacroix fut inhumé, selon sa volonté rappelée sur sa tombe, sur les hauteurs du cimetière du Père-Lachaise dans un endroit peu en vue. Comme de nombreuses personnalités du 19ème siècle sensibles à l'art antique, son tombeau, en lave de Volvic qui lui donne un poli particulier, est une réplique exacte de celui de Scipio Barbatus provenant du tombeau des Scipions (Rome).