Le Tour du monde en quatre-vingt jours (1872) fut, lui, accueilli par un succès universel, une pure folie, que l’on a du mal à concevoir : le journal Le Temps, qui le publiait en feuilletons, vit son tirage atteindre des sommets, les correspondants de presse américains télégraphiaient chaque jour les nouvelles péripéties à New York, les directeurs de compagnie maritimes offraient des fortunes à Jules pour que son héros, Phileas Fogg, gagnât son pari grâce à l’un de leurs vaisseaux…
Ce livre et son adaptation théâtrale, puis celle de Michel Strogoff, amenèrent une véritable pluie d’or sur la tête de l’écrivain qui lui permit l’achat de son troisième yacht avec lequel il réalisa de nombreuses croisières jusqu’en 1886 où un accident le gravement blessa à la jambe.
Fixé à Amiens, pays de sa femme, depuis 1872, il y écrivit notamment L’Île mystérieuse (1874) et d’autres romans sans doute moins connus comme Mathias Sandorf (1885), Face au drapeau (1896), Le Sphinx des glaces (1897), etc.
Reportant son intérêt vers la vie de la cité, en 1888, bien que plutôt de tendance orléaniste, il fut élu au conseil municipal d'Amiens sur la liste républicaine (gauche modérée) où il siégea quinze ans.
Membre titulaire, puis directeur de l'Académie des Sciences, des Lettres et des Arts d'Amiens, l’Académie française ne lui ouvrit jamais ses portes malgré les honneurs qu’elle rendit à son œuvre.
Populaire dans le monde entier, elle vient au deuxième rang des auteurs les plus traduits en langue étrangère après Agatha Christie. A titre indicatif, en 2011, il était l'auteur de langue française le plus traduit dans le monde. Combien d'Immortels pourraient prétendre à un tel engouement ?
En revanche, outre ses œuvres majeures, ses pièces de théâtre et ses recueils de chansons aux sous-entendus grivois à peine dissimulés, il fut aussi un antidreyfusard assumé et décrié pour son antisémitisme parfois primaire. Sombre, polémiste et passionné par les sociétés secrètes et parfois même combattant du libre arbitre, il était aussi un homme de son époque avec tout ce que cela peut comporter.
Vieillissant et diabétique, la maladie finit par l’emporter.