Bien que vivant à l'écart du monde, dans le presbytère familial d’Haworth, elles savaient le discrédit qui pesait sur les femmes écrivains et avec quelle méfiance, à priori, on les jugeait. Donc, lorsqu’elles choisirent d’envoyer leurs poèmes à des éditeurs, elles le firent sous des pseudonymes masculins : Acton Bell (Anne), Ellis Bell (Emily), et Currer Bell (Charlotte). Malgré l’insuccès des ventes, ils furent bien accueillis par la critique ce qui leur redonna la fièvre de l’écriture.
Toutes les trois avaient commencé un roman : Charlotte, Le Professeur ; Emily, Les Hauts de Hurlevent et Anne, Agnès Grey. Après un certain nombre de déconvenues, un éditeur londonien accepta de publier Les Hauts de Hurlevent et Agnès Grey mais refusa le roman de Charlotte qui ne se découragea pas. Un autre éditeur séduit par son nouveau roman, Jane Eyre (1847), le publia de suite. Le succès immédiat et retentissant de cette œuvre poussa enfin à la publication d’Agnès Grey et des Hauts de Hurlevent. Celui-ci, objet de sévères critiques qui blessèrent profondément Emily, ne devait être reconnu chef d’œuvre incontestable qu’après sa mort.
Mais, d’une façon générale, un nouveau type de roman venait de faire une entrée fracassante dans la littérature anglaise, bousculant les conventions admises par une société très rigide.
Suite à des malentendus à la publication du second roman d’Anne, La recluse de Wildfell (1848), Charlotte décida de rompre avec l’anonymat au grand dam d’Anne et Emily très attachées à le conserver. Alors que Charlotte profitait de sa notoriété à Londres, la tragédie allait à nouveau fondre sur le presbytère avec les morts rapprochées de Branwell, Emily et Anne.
A l’exception d’Anne Brontë, tous les membres de la famille reposent dans la crypte de l’église d’Haworth où Patrick Brontë officia quarante-et-un ans. Mais l’église que l’on voit de nos jours n’est pas celle que connut la famille. En 1879, alors que le village et son église étaient devenus des lieux de pèlerinage, il fut décidé de la raser pour en construire une nouvelle. Malgré toutes les protestations, l’édifice étant bel et bien insalubre et dangereux, il fut mis à bas et la première pierre du nouveau fut posée pour la Noël 1879. La chapelle Brontë, fondée par la Brontë Society, fut dédicacée en 1964. La table de communion, le chandelier et la plaque commémorative proviennent de l’ancienne église.