Défenseur intransigeant de l’armée et ennemi de toute concession faite à l’Allemagne, il se lança en politique. Elu député de Nancy (1910) dans les rangs de l’Action Libérale, intervenant, s’insurgeant haut et fort, adepte du concept de l'armée-école et de l'apostolat social, soutien d’un syndicalisme indépendant, il vota la journée de dix heures, les retraites, diverses mesures d'aide sociale, etc.
Très tôt, encore à l'armée, il s’était lancé dans la littérature en adoptant le genre nouveau du roman d’anticipation qui s’alimentait des progrès technologiques que connaissait l’époque. Pour échapper à la censure de ses chefs, sous le pseudonyme de « capitaine Danrit », son œuvre, qui rencontra un grand succès, aborde les thèmes militaires les plus divers en exaltant le service de la France, l’exemple de l’officier, la mission à accomplir. Parmi ses romans d’aventures, il est à noter L’Aviateur du Pacifique (1910) dont le héros, un Français inventeur génial d’un aéronef au moteur polycarburant, fait un tour du monde pour prouver aux nations industrialisées la fiabilité de son invention. Arrivé au-dessus du Pacifique du côté de Pearl Harbour – Midway attaqué, il ne peut prévenir les États-Unis par radiotélégraphie car les Japonais ont disposé dans le Pacifique une chaîne de chalutiers équipés d’antennes destinées à brouiller les ondes radio…Visionnaire à sa façon…
Bien qu’écarté de toute obligation militaire, dès le début de la Grande Guerre il demanda pourtant à reprendre du service contre l'Allemagne et obtint, le commandement des 56e et 59e bataillons de chasseurs à pied.
A l’automne 1915, il prit en charge le secteur du bois des Caures, devant Verdun. Cette attaque qu’on n’imaginait pas, Driant, lui, la pressentait et alarma les élus, le président Raymond Poincaré et la Commission de l’Armée de la Chambre. Le 21 février 1916, la Ve armée allemande déclenchait un orage d’acier d’une puissance inouï qui s’abattit sur les positions françaises dont celles de Driant. Sans difficulté, l’ennemi occupa le terrain. Après une contre-attaque, les chasseurs de Driant réussirent à reprendre presque toutes les tranchées perdues. Mais, cernés par les Allemands, il fallut se replier.
Parti dans les derniers, le lieutenant-colonel Driant s’arrêta pour faire un pansement provisoire à l’un de ses hommes blessé dans un trou d’obus. Il fut fauché alors qu’il repartait.
Les Allemands s’attendaient à une résistance de quelques heures, elle dura deux jours, permettant à des renforts d’arriver, et Verdun ne tomba pas.
Sa mort eut un énorme retentissement : la mort de l’écrivain dépassa et magnifia celle du soldat dont la résistance héroïque, celle de ses hommes, et leur sacrifice furent récupérés par la presse et les publications de la guerre pour galvaniser les troupes. Il fut élevé au rang de gloire nationale après la guerre.
Emile Driant fut inhumé de suite par les Allemands à proximité de son lieu de décès.