Qu’elle soit le support du film ou qu’elle ne fasse qu’une simple apparition de « guest star » (Monsieur Klein en 1975), passant du film commercial à l’œuvre d’avant-garde, elle était toujours remarquable.
Parmi son impressionnante filmographie-plus de 130 films- et les rôles qui marquèrent sa carrière : Jules et Jim (1961) et La mariée était en noir (1967) de François Truffaut ; Le Journal d'une femme de chambre (1963) de Luis Buñuel ; Le Procès (1962) et Falstaff (1965) d’Orson Welles qui la qualifiait de « meilleure actrice du monde » ; Viva Maria (1965) comédie-western de Louis Malle ; Les Valseuses (1973) de Bertrand Blier, Le Miraculé (1986) de Jean-Pierre Mocky ; etc., sans oublier La Vieille qui marchait dans la mer (1991) de Laurent Heynemann qui lui valut le César de la meilleure actrice en 1992.
Dans les années 80, se consacrant à la musique et à la télévision elle y apparut dans des séries où elle crevait le petit écran comme dans le rôle de Mahaut d’Artois (Les rois Maudits en 2005). De retour au théâtre, elle y triompha.
Chanteuse, le grand public se souviendra surtout de chansons appartenant depuis au répertoire
classique : J’ai la mémoire qui flanche et Le Tourbillon, bande originale Jules et Jim qui accompagna le succès immédiat du film.
Artiste consacrée et adulée, elle se remit pourtant en cause dans la réalisation de deux films : Lumière (1975) et L’adolescente (1978), louable effort qui ne marqua pas les esprits.
Véritable icône du cinéma français, elle n’en négligea pour autant les jeunes générations : celle de cinéastes prometteurs avec lesquels elle tourna, et celle des acteurs en herbe pour qui elle créa une école de cinéma, « Les Ateliers d'Angers », main tendue vers la relève.
Première femme à entrer à l'Académie des beaux-arts de l’Institut de France, couronnée tout au long de sa carrière par de nombreuses récompenses, elle reçut, entre autres, deux Césars d’honneur (1995 et 2008) et l’Académie des Oscars lui délivra un Oscar d’honneur pour l’ensemble de sa carrière et en reconnaissance de sa contribution à l'histoire du cinéma.
Après avoir consacré toute sa vie à son art, elle légua l’ensemble de tous ses biens, ainsi que la propriété de ses droits d’auteur et moraux et sur l’œuvre de sa vie, à la fondation qui porte son nom et qui a pour mission de soutenir le cinéma et le théâtre et d'en favoriser l'accès aux enfants.
Jeanne Moreau fut inhumée au cimetière de Montmartre. Mais une fois les hommages rendus et passés, les brassées de fleurs retirées, une actualité chassant l’autre, sa tombe toute simple semblerait presque vouée à l'oubli du visiteur au profit de quelques artistes de variété du lieu.
Jérôme Richard (1949-2019)
Jeanne Moreau n'avait jamais caché qu'elle n'avait pas la fibre maternelle. Fruit de son mariage avec Jean-Louis Richard, Jérôme dut grandir sans l'amour de sa mère.
Enfant malheureux, adolescent rebelle, il mit du temps à trouver sa place dans la vie d’une femme passionnée : par son travail, par son statut de star, par sa sensualité affirmée. Pour son bien-être, le jeune homme décide de s’installer outre-Atlantique et de mettre un océan entre lui et sa mère. Aux Etats-Unis, il trouva la paix dans la création en devenant artiste-peintre. Mais c'est avec sa mère qu'il repose.